
Bastien Dollinger
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Master 2020Piano
Pianiste, clarinettiste, compositeur, improvisateur, professeur, Bastien Dollinger est un musicien aux multiples facettes. Originaire de Besançon, il est diplômé de neuf prix du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris au sein duquel il a étudié successivement en masters de piano, musique de chambre, écriture, musicologie, pédagogie (CA) et a reçu les enseignements d’artistes de renom tels que Roger Muraro, Isabelle Dubuis, Fabien Waksman, Thierry Escaich, Guillaume Connesson, François Salque... Il s’était auparavant formé aux CRR de Rueil-Malmaison, Saint-Maur et Besançon, où il avait obtenu ses trois DEM de piano, clarinette et formation musicale à l’unanimité avec les félicitations du jury. Sa formation de clarinettiste s’est quant à elle orientée peu à peu vers le monde du jazz et des musiques improvisées qu’il a étudiées notamment auprès de Pascal Gaubert puis de Vincent Le Quang dans la classe supérieure d’improvisation générative.
Porté par le partage musical et humain, il a été invité par différents orchestres pour jouer en soliste les concertos de Chopin, Bach ou Gershwin avec l’Orchestre Philharmonique de Besançon, le Jeune Orchestre Symphonique de Besançon et l'orchestre Tour à Tour. Passionné par le travail poétique et dramatique entre texte et musique, Bastien forme également un duo lied et mélodie avec le contre-ténor William Shelton, avec qui il remporte deux prix au concours international de Gordes, dont le prix de l’Opéra du Grand Avignon.
Soucieux d’exercer son art en étant en accord avec ses convictions sociales et écologiques, il est aussi membre fondateur et directeur artistique du projet « la Vélo-scène », ayant pour ambition déconstruire les stéréotypes associés à la musique classique, de décloisonner les styles musicaux et de donner des concerts pour tous les publics et en tous lieux dans le cadre de tournées à faible impact environnemental et à fort impact social.
En 2022, ses concerts le mèneront notamment à jouer aux Invalides, aux Archives nationales de Paris, dans le cadre de la saison de l’Opéra d’Avignon, et à être invité pour une semaine carte blanche à Besançon.
Bastien est lauréat des bourses Meyer, Nguyen, Alain Marinaro, Tarrazzi et SYLFF.
« Je dédie ce récital à ma chère et tendre Julia Simon qui m’a toujours soutenu et accompagné dans mon cheminement de musicien avec une profonde bienveillance »
Johann Sebastian Bach – Transcription de Franz Liszt,
Fantaisie et fugue en sol mineur (original pour orgue), BWV 542
Robert Schumann,
Davidsbundlertänze, op. 6
I- Premier cahier
Lebhaft
Innig
Mit Humor
Ungeduldig
Einfach
Sehr rasch und in sich hinein
Nicht schnell mit äussert starker Empfindung
Frisch
Lebhaft
II- Deuxième cahier
Balladenmässig, sehr rasch
Einfach
Mit Humor
Wild und lustig
Zart und singend
Mit gutem Humor
Wie aus der Ferne
Nicht zu schnell
Alexandre Scriabine,
Fantaisie en si mineur, op. 28
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Ces cinq années de formation auprès de ces deux immenses artistes que sont Isabelle Dubuis et Roger Muraro ont été extrêmement structurantes dans la construction de ma relation avec mon instrument, et dans mon rapport avec les œuvres que je joue. Pour me faire aller au-delà de mes limites, j’ai souvent été encouragé à travailler durant mes études de piano au CNSMDP des œuvres qui m’emmenaient ailleurs que là où ma nature musicale m’aurait emmené. En me faisant aller sur des terrains qu’y m’étaient jusque qu’à présent inconnus, mes professeur ont su chacun à leur manière éveiller en moi un goût pour la recherche et le travail d’interprète, pour lequel j’ai vraiment appris à me passionner tout au long de ma scolarité instrumentale au CNSM.
En guise de point d’aboutissement de cette fructueuse rencontre artistique et humaine que représente mes études de piano au CNSMDP, j’ai eu l’envie de revenir à mes amours d’antan et il faisait sens pour moi de choisir ainsi des compositeurs dont l’expression m’est particulièrement familière depuis tout petit et dans lesquels je me suis toujours identifié, reconnu. Aussi, j’ai pensé ce récital comme une réponse à mon récital de première année de master construit également autour de fantaisies de Mozart, Chopin et De Falla, restituant ainsi la réflexion d’interprétation que j’ai pu développer tout au long de mon 2e cycle supérieur, autour du genre de la fantaisie, genre riche d’invention et de liberté formelle dans lequel je m’épanouis particulièrement en tant qu’interprète.
Les mots sont parfois maladroits et bien trop superficiels pour parler d’œuvres musicales d’autant plus quand il s’agit d’une musique d’une telle profondeur d’une telle portée que ces trois monuments. Je tenterais pourtant de me plier de manière la plus concise à cet exercice délicat de parler des sons avec des mots.
Pour ouvrir ce concert, la fantaisie de Jean-Sébastien Bach, œuvre dont l’écoute et la découverte a très certainement été l’une des plus bouleversante pour moi de tout l’œuvre du cantor de Leipzig, m’a semblé être une magnifique ouverture à l’image de l’intensité et la force que je souhaitais donner au début de ce récital. Si le travail de cette pièce de Bach présentera moins de difficultés de dosage et de retenue que d’autres pièces pour clavecin adaptées au piano, son travail n’en représente pas moins une gageure dans ce sens où elle est écrite pour cette éblouissante technique pianistique qu’est celle de Franz Liszt, dont les facilités techniques ne cesseront de donner du fil à retordre à travers les œuvres qu’il laissera à tous les pianistes qui voudront s’attaquer à ses compositions ou ses adaptations.
J’ai choisi comme œuvre maitresse de ce programme le cycle des dix-huit pièces de l’opus 6 de Schumann. J’ai essayé dans la construction de mon interprétation de donner à cette œuvre, qui au premier abord peut être perçue comme une mosaïque de miniatures musicales, le visage d’une véritable trajectoire expressive, mystérieusement colorée et profondément ambivalente à l’image de la richesse proposé par l’alternance et le dialogue des personnalités mélancolique d’Eusebius et fougueuse de Florestan, personnages fictifs inventés par Schumann dans ses essais littéraires.
Enfin pour terminer ce récital, la fantaisie de Scriabin répond merveilleusement bien tel un triptyque à celle de Bach nous menant dans un troisième univers, tantôt chaotique, tantôt flamboyant, unifié par les somptueuses harmonies scriabiniennes, résultantes d’un riche et ingénieux contrepoint au visage résolument post-romantique. Cette expression d’essence romantique de l’intériorité du compositeur est un magnifique témoin d’une des évolutions qu’a pu prendre le romantisme schumannien un demi-siècle plus tard et donne à l’expérience musicale qu’est ce concert une forme toute singulière et une intensité expressive que je me réjouissais de proposer pour clore mes études de piano au Conservatoire de Paris.
Lien vers la vidéo réalisée par Bastien en 2022 pour son master de musique de chambre avec le duo L'Orbe :
Duo L'Orbe