Séjour en immersion dans l’industrie musicale à Los Angeles pour les étudiants de la Formation supérieure Musique Son Image
Mis à jour le 28 mars 2024
Du 17 au 22 mars dernier, huit étudiantˑes du cursus FSMSI impliquéˑes dans la spécialisation « Création » ont participé à un voyage d’immersion dans l’industrie musicale à Los Angeles. Au programme de ce séjour, de multiples activités : présentations, démonstrations et visites de sites, mais aussi des opportunités de collaboration avec des artistes et des professionnelˑles des secteurs emblématiques de la ville.
Denis Vautrin, chef du département musique, son, image au Conservatoire, nous raconte cette aventure collective à la rencontre des acteurˑices de la création musicale électro-pop, de la création en musiques de film et de la production musicale en son immersif.
Quels étaient les objectifs de votre voyage à Los Angeles ?
Denis – Nous avons souhaité partir à la rencontre du monde de la musique dans cette région exceptionnellement influente et dynamique internationalement. De nombreux secteurs sont ciblés : le secteur du cinéma et de la série pour la musique de film, l’industrie pop-electro de Los Angeles, ou encore l’industrie en plein essor du son immersif. Pour nos étudiantˑes en création, l’objectif principal était de découvrir les institutions musicales et culturelles, académiques, industrielles et de rencontrer de grands acteurs de la culture pop de Los Angeles, figures emblématiques de cette société musicale.
Ce voyage a permis une rencontre avec les étudiantˑes d’une grande université américaine (Université de Californie du Sud - USC), qui possède un cursus spécifique pour former des music producers qui intégreront très rapidement l’industrie musicale pop.
Notre département cherche à développer et renforcer les actions de nos parcours de formation actuels de spécialisation, en création et en production musicale. Nous cherchons à mieux identifier et à mieux comprendre les enjeux économiques et sociétaux d’une industrie musicale basée sur un marché extrêmement dynamique, volatile et international. Comment nos profils d’étudiantˑes, assez différents, tant sur la formation musicale que technique et scientifique, peuvent trouver leur place dans cette industrie musicale ? Quels modèles de création, de production, quelle manière de produire devons-nous intégrer pour faciliter leur intégration ?
Qui était impliqué dans ce projet pédagogique lié aux métiers du son et de l’image ?
Denis – Ce projet a impliqué les étudiantˑes en création avant tout, avec des dispositifs variés (conférences, rencontres, ateliers de création, visites, concerts…), l’équipe de pilotage du département (Virginie Evennou, chargée de production et post-production, et moi-même) ainsi que Luca Dupont-Spirio, chef du service de l'internationalisation et de l'insertion professionnelle, également présent pour prendre part aux débats, identifier avec nous les problématiques d’intégration professionnelle ainsi que les leviers utilisés ici, qui pourraient être exploités par le Conservatoire et pour dialoguer avec nos étudiantˑes sur les pistes à développer pour notre département et les directions individuelles à prendre pour accompagner leur spécialisation.
Nous avons organisé un programme très complet, en lien avec nos partenaires de l’Université de Los Angeles. Ce séjour et ses activités pédagogiques enrichissent les programmes d’étude du cursus pour nos étudiantˑes qui profitent pleinement d’activités avec les enseignantˑes et les étudiantˑes américainˑes. Nous en profitons pour analyser les programmes proposés et les modalités d’enseignement et d’évaluation : certaines pistes seront très inspirantes, certains dispositifs seront forcément intéressants à intégrer chez nous…
Quels établissements ou organisations avez-vous visité et pourquoi ont-ils été sélectionnés ?
Denis – Nous avons rendu visite à notre partenaire académique et universitaire, l’USC, avec lequel nous entretenons déjà de nombreuses collaborations. Nous avions accueilli il y a deux ans des enseignantˑes et étudiantˑes du programme américain : ce voyage à Los Angeles constitue la suite logique de ce partenariat, offrant à nos étudiantˑes un lien encore plus fort avec le monde de la création et de la production en pop-électro, ainsi qu’avec l’industrie de la musique de film et les récents développements internationaux en son immersif.
Notre lien le plus étroit est donc avec l’équipe en charge du programme de music producer, et plus particulièrement avec deux grandes personnalités : le réalisateur Rick Schmunk, à la tête du programme de music producer à l’USC, et l’artiste Smidi, récompensé par deux Emmy Awards et ayant collaboré avec des artistes tels que Coldplay, les Pussycat Dolls et Sia. Un dialogue intense s’est installé entre nous, dans le respect de nos différences, de nos valeurs communes et avec la volonté de créer des opportunités pour nos étudiant ˑes.
Rick et Smidi nous ont ainsi permis de rencontrer de très grandes personnalités de la production en musique de film, telles que Alan Meyerson. Alan est l’un des grands mixeurs de musique de film à Los Angeles, très actif depuis 30 ans. Il produit les musiques de Hans Zimmer et a proposé une rencontre sur le travail mené autour du film Dune ces derniers mois. Nous avons également eu l’opportunité de rencontrer Brian Malouf, qui est aujourd’hui l’un des réalisateurs musicaux produisant quasi exclusivement de la musique pour les formats immersifs, notamment le format américain développé par Dolby. Brian a partagé de nombreuses méthodes très détaillées liées à sa manière de produire des musiques immersives aujourd’hui. Avant cette rencontre, l’équipe de développement de Dolby avait préalablement présenté à nos étudiant ˑes les nouveaux workflows et des exemples de productions qui sortent aujourd’hui des studios californiens, leur donnant accès à leurs outils et méthodes, tout en partageant les enjeux et les difficultés de ce type de production. Nous avons également découvert le Disney Hall avec l’orchestre de San Francisco dirigé par Esa-Pekka-Salonen. La découverte de cette salle et de son acoustique ne pouvait se faire dans de plus belles conditions…
Quelles sont les principales différences ou particularités de l’industrie du son et de l’image à Los Angeles par rapport à d’autres régions ou pays ?
Denis – La musique est créée, produite et diffusée dans une économie de marché très puissante et très dynamique. La culture pop-électro prend appui sur des réussites qu’il est nécessaire d’analyser, comprendre et imiter. L’industrie du cinéma et de la musique de film est très organisée et sectorisée. Les processus sont imposés, normalisés et il est très difficile de sortir du cadre imposé. La création musicale pour les séries télévisées et la production s’appuie sur des mécanismes collectifs, très rapides. On cherche à produire très vite, très bien : la flexibilité, l’adaptabilité, la collaboration, et l’instantanéité sont des mots clés très présents lorsqu’on parle des compétences professionnelles. La créativité, l’originalité, le sens sont d’autres fortes valeurs nécessaires bien évidemment, mais elles n’occultent pas les autres.
Quelles étaient les opportunités d’apprentissage ou de collaboration que vous espériez découvrir pendant votre séjour à Los Angeles ?
Denis – Apprendre collectivement en enrichissant son expérience par une collaboration internationale imposée n’est pas simple : nos jeunes music producers du Conservatoire vont devoir démontrer leur capacité à s’exprimer avec les mêmes codes musicaux que leurs homologues américains. C’est à eux de faire ce pas, de forcer leur intégration, de convaincre qu’ils ont une réelle capacité à créer de la musique, même à Los Angeles, dans un secteur dans lequel ils ne baignent pas depuis 20 ans. C’est un sacré défi, tous les langages musicaux et les codes doivent être compris puis maîtrisés. Ils sont d’ailleurs rentrés de ce voyage en ayant écrit un titre et en ayant collaboré pour finaliser la création et la production avec un jeune artiste américain.
Comment prévoyez-vous d’intégrer les expériences et les connaissances acquises à Los Angeles dans le cursus de la FSMSI ?
Denis – Cela prendra sans doute du temps. Certains points, certains modèles seront transposés. Nous analyserons les possibilités d’inscrire les échanges en ligne dans le quotidien de nos dispositifs pédagogiques avec les enseignantsˑes et étudiantˑes américains. Ce serait un beau projet que d’aboutir à la création d’activités régulières : nous y travaillerons.
Y a-t-il des projets que vous avez l’intention de développer ou de mettre en place avec vos étudiants à la suite de ce voyage ?
Denis – Oui, après ce voyage nous avons l’intention de développer plusieurs projets spécifiques avec nos étudiantˑes. Tout d’abord, nous renforcerons nos ateliers de création pour leur permettre d’appliquer les enseignements et les inspirations tirés de notre expérience à Los Angeles. Ensuite, nous chercherons à mettre en place de nouvelles modalités de collaboration et à explorer d’autres types de projets pédagogiques, notamment axés sur l’entrepreneuriat et l’innovation dans le domaine musical. De plus, nous envisageons de nous inspirer du modèle américain pour établir à Paris un contact plus direct avec les éditeurs, les labels et les diffuseurs des courants pop et électro, afin d’offrir à nos étudiantˑes davantage d’opportunités professionnelles et de développement dans l’industrie musicale.
Comment allez-vous encourager les étudiantˑes à s’engager et à tirer parti des enseignements tirés de votre expérience à Los Angeles ?
Denis – Nous prévoyons de reproduire de manière plus systématique le cadre de création qui leur a été présenté lors du voyage. Nous les inciterons également à prendre du recul afin de mieux définir leur identité artistique. En effet, l’immersion dans une société si différente peut aussi indirectement permettre de mieux comprendre ce qu’ils et elles souhaitent faire et développer. On peut s’inspirer, on peut aussi prendre conscience et/ou confiance en ses propres forces et ses propres spécificités.
Comment envisagez-vous de partager vos découvertes et vos expériences avec les autres membres du corps professoral et de l’administration de l’établissement ?
Denis – Nous organiserons quelques rendez-vous, avec l’équipe de direction tout d’abord, pour partager notre expérience. Les étudiantˑes prépareront chacunˑe un axe lié à ce séjour. Nous diffuserons aussi les titres créés à Los Angeles dans le cadre des collaborations réalisées avec les étudiantˑes américains.
Comment ce projet pédagogique contribue-t-il à l’enrichissement global du programme de formation aux métiers du son et de l’image au sein du CNSMDP ?
Denis – Ce projet offre une opportunité unique à nos étudiantˑes de s’immerger dans l’industrie musicale dynamique de Los Angeles, une expérience qui va au-delà de ce qui peut être reproduit en France avec nos propres ressources et nos outils. Cette expérience est particulièrement précieuse dans le domaine de la musique pop, où les différences entre les industries française et américaine sont extrêmement marquées. Nos étudiantˑes reviennent avec une compréhension approfondie de ces différences et une capacité accrue à les partager avec les étudiantˑes actuelˑles et futurˑes de notre programme. Nous sommes convaincus que ce voyage renforcera leur démarche personnelle et originale mais leur permettra aussi de remettre en question certaines formes d’idées préconçues et encouragera l’exploration de nouvelles formes de création, de nouveaux axes esthétiques et de nouvelles pratiques musicales. Tout cela, renforçant ainsi les valeurs et la diversité de notre programme d’études.
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