Nouveaux défis de l’écriture musicale : du geste au son
Mis à jour le 25 septembre 2019 – Archives
Pour tout historien qui se respecte, impossible de ne pas créer un parallèle entre l'évolution de la pensée musicale occidentale et la transformation progressive de son écrit considéré comme l'adéquation de sa trace visible (la partition) au fait "physique" nécessaire à l'émission sonore et à sa représentation audible. Cet acte hautement symbolique se positionne non seulement par rapport à son interprétation, mais s'intègre aussi dans une relation spécifique avec d'autres perceptions initialement subordonnées - visuelles et kinesthésiques - sur laquelle les compositeurs purent élaborer leurs discours au cours des siècles.
Si les stratégies compositionnelles se sont basées longtemps sur l'articulation exclusive des paramètres musicaux, certains compositeurs s'interrogèrent peu à peu quant à l'intégration d'autres données - gestes incarnés et aspects visuels - au sein de stratégies du devenir musical.
A commencer, par exemple, avec un Beethoven dont l'expression dialectique reposait sur des conflits issus non seulement de tensions internes à la matière musicale, mais aussi sur des distorsions nées des rapports complexes que l'instrumentiste pouvait entretenir avec son instrument. Plus tardivement, le cas d'un Webern au milieu du XXe siècle fut tout aussi révélateur. Celui-ci n'hésita pas à argumenter les structures musicales actives dans la partition en transposant dans le domaine spatio-temporel les configurations de figures sonores, incitant l'instrumentiste à décrire gestuellement les symétries et autres rapports complexes inscrits au cœur d'enchaînements de notes de musique.
Depuis, on peut constater que certains créateurs contemporains tentent de mettre directement d'autres configurations de perception sur un pied d'égalité avec l’organisation du sonore, histoire de définir de nouvelles dialectiques artistiques. La partition ne reflète plus nécessairement l'entendu mais peut aussi se focaliser exclusivement sur le geste d’interprète, l'acte nécessaire pour réaliser la production du sonore imaginé. D'autres compositeurs vont encore plus loin et remettent en question la primauté de l'audible pour exprimer de nouvelles formes synesthésiques où l'audition s'associe au visuel et au gestuel pour engendrer de nouvelles dramaturgies qui dépassent largement le cadre musical.
La journée d'étude de janvier prochain tentera d'argumenter quelques-unes des réflexions énoncées ci-dessus. Ainsi les interventions, variées et multiples, témoigneront-elles de l'incroyable potentiel des artistes créateurs, compositeurs, interprètes, adeptes des nouvelles technologies, et de leur incroyable faculté d'exprimer, par leur oreille et leur conscience de l'implication gestuelle, ce monde en mouvement qui est aussi le nôtre.
Journée d’étude organisée par Claude Ledoux (professeur d’analyse théorique et appliquée)
Mardi 14 janvier 2014 de 9h30 à 19h30
Département de musicologie et analyse
Conservatoire de Paris, Salon Vinteuil Consulter le programme : Journée d’étude — Nouveaux défis de l’écriture musicale : du geste au son
Si les stratégies compositionnelles se sont basées longtemps sur l'articulation exclusive des paramètres musicaux, certains compositeurs s'interrogèrent peu à peu quant à l'intégration d'autres données - gestes incarnés et aspects visuels - au sein de stratégies du devenir musical.
A commencer, par exemple, avec un Beethoven dont l'expression dialectique reposait sur des conflits issus non seulement de tensions internes à la matière musicale, mais aussi sur des distorsions nées des rapports complexes que l'instrumentiste pouvait entretenir avec son instrument. Plus tardivement, le cas d'un Webern au milieu du XXe siècle fut tout aussi révélateur. Celui-ci n'hésita pas à argumenter les structures musicales actives dans la partition en transposant dans le domaine spatio-temporel les configurations de figures sonores, incitant l'instrumentiste à décrire gestuellement les symétries et autres rapports complexes inscrits au cœur d'enchaînements de notes de musique.
Depuis, on peut constater que certains créateurs contemporains tentent de mettre directement d'autres configurations de perception sur un pied d'égalité avec l’organisation du sonore, histoire de définir de nouvelles dialectiques artistiques. La partition ne reflète plus nécessairement l'entendu mais peut aussi se focaliser exclusivement sur le geste d’interprète, l'acte nécessaire pour réaliser la production du sonore imaginé. D'autres compositeurs vont encore plus loin et remettent en question la primauté de l'audible pour exprimer de nouvelles formes synesthésiques où l'audition s'associe au visuel et au gestuel pour engendrer de nouvelles dramaturgies qui dépassent largement le cadre musical.
La journée d'étude de janvier prochain tentera d'argumenter quelques-unes des réflexions énoncées ci-dessus. Ainsi les interventions, variées et multiples, témoigneront-elles de l'incroyable potentiel des artistes créateurs, compositeurs, interprètes, adeptes des nouvelles technologies, et de leur incroyable faculté d'exprimer, par leur oreille et leur conscience de l'implication gestuelle, ce monde en mouvement qui est aussi le nôtre.
Journée d’étude organisée par Claude Ledoux (professeur d’analyse théorique et appliquée)
Mardi 14 janvier 2014 de 9h30 à 19h30
Département de musicologie et analyse
Conservatoire de Paris, Salon Vinteuil Consulter le programme : Journée d’étude — Nouveaux défis de l’écriture musicale : du geste au son
