Le retour à Versailles - Musiques sacrées pour le jeune Louis XV

Versailles, 15 juin 1722. Après avoir résidé à Paris sept ans, durant lesquels la capitale était devenue, sous la régence de Philippe d’Orléans, l’épicentre du pouvoir et de la culture, le jeune Louis  XV, bientôt sacré à Reims et proclamé majeur, revient avec toute la cour dans le palais du Grand roi, où le cérémonial est revivifié. L’on a bien sûr anticipé ce retour de la cour, du rituel et des services. À la tête de la Musique de la Chapelle, chargée d’accompagner la messe quotidienne du souverain, le Régent a nommé trois musiciens de son entourage : André Campra, Nicolas Bernier, et son propre maître de musique, Charles-Hubert Gervais. Fers-de-lance d’une nouvelle esthétique, volontiers italianisante, tous trois – dont ce programme propose trois grands motets écrits durant ces premières années de Louis XV à Versailles – vont seconder Michel-Richard de Lalande, qui occupait depuis les années 1680 les plus hautes charges musicales de la cour. Pour autant, l’ancien sous-maître va rester jusqu’à sa mort (1726) un musicien respecté, et sa musique va continuer à accompagner le cérémonial du règne naissant. Son Te Deum notamment, motet d’apparat déjà cher à Louis XIV mais qu’il remanie une ultime fois vers 1722 – version recréée dans ce programme –, résonnera encore à la cour lors du mariage du roi (1725), illuminant de son éclat les premiers feux des Lumières.