
La dernière comédie de Molière, Le Malade imaginaire est une comédie-ballet créée pour le carnaval de février 1673. L'ouverture instrumentale, les intermèdes musicaux chantés, dansés, composés par Marc-Antoine Charpentier baignent la pièce entière. Ainsi, monter cette œuvre revient naturellement à s'interroger sur le rapport que la parole y entretient avec la musique. Après le petit impromptu chanté au deuxième acte, Cléante réplique : « vous ne savez pas, Monsieur (Argan), qu'on a trouvé depuis peu l'invention d'écrire des paroles avec des notes ? ». Allusion directe ici à la guerre à laquelle se livrent Molière et Lully avec sa première tragédie lyrique Cadmus et Hermione. Pourtant, le chant mélancolique des trois Égyptiennes du deuxième acte « vaut mieux (selon Beralde) qu'une ordonnance de monsieur Purgon ». Comédie, musique et danse nouées à l'amour ne s'avèrent-elles pas en effet, une excellente thérapie pour « stabiliser » nos symptômes que sont médecines et religions ?
Le trio des Égyptiennes, la scène du « poumon » ou encore la résurrection d'Argan, que couronne la transe carnavalesque et purgative des médecins constituent les moments d'un grand rituel de guérison traversés par le « Malade » et son spectateur.
Et les élèves du Conservatoire national supérieur d'art dramatique et du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, réunis en cette occasion sur un même plateau, dans une même action, pourront, chacun selon son propre usage, nous l'espérons, en retirer les bienfaits.