
Conçus sous l’angle d’un approfondissement de l’écoute, les concerts-lecture programmés par le département musicologie et analyse permettent de découvrir une œuvre ou un répertoire sous un jour nouveau en associant deux dimensions essentielles dans la vie d’un musicien : la pratique instrumentale ou vocale et l’analyse de l’œuvre, jouée en direct. Ils permettent également aux élèves en musicologie de porter sur le devant de la scène le fruit de leurs recherches. La réalisation de ces concerts-lecture est intégralement confiée aux élèves qui peuvent ainsi bénéficier d’une véritable mise en situation professionnelle et s’initier à la production et à la médiation sous l’égide des différents services du Conservatoire.
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Il s’agit d’une musique écrite dans un but si spécial qu’il a fallu aller au-delà de tout ce qui avait été tenté jusqu’à présent dans le monde des sons » André Schaeffner à propos de la musique de Nicolas Obouhov (juin 1928)
Né près de Koursk en 1892, Obouhov fuit la Russie en 1919 et s’installe à Saint-Cloud où il décède en 1954. De ce compositeur qui se faisait lui-même nommer «
l’Illuminé », nous savons peu. Nous aborderons lors de ce Concert-Lecture les principaux aspects d’un langage si inouï à travers le cycle Révélation pour piano, composé entre 1915 et 1917. Cette période de composition est marquée par l’utilisation de son
harmonie absolue, c’est à dire «
une harmonie basée sur douze sons sans redoublement ». Ce cycle Révélation nous montre à quel point le compositeur se laisse séduire par les états-limites d'extase, de douleur et de mystère. Ainsi l'œuvre nous surprend par ses graves empruntés aux sons de cloches sonnant le Glas, par ses aigus foudroyant de cris d'agonie, l'écoute est en tension permanente. La matière sonore en constante lamentation nous fait clairement percevoir la vision d'Obouhov, celle d'une fin du monde imminente.