Much ado about Berlioz : Atelier lyrique
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- 03avr2015
- Horaires 19h00
- Catégorie Atelier
- Adresse

Berlioz sur le tard fait comme Verdi une petite comédie et comme lui, il l'emprunte à Shakespeare qu'il a aimé au point d'épouser l'une de ses interprètes fameuses : Harriet Smithson. On peut réellement dire qu'il fait cette petite comédie, puisque Beaucoup de bruit pour rien, chez Shakespeare met en scène deux épisodes de violente jalousie consécutifs qui n'ont rien à envier à Othello ou au Conte d'Hiver. Berlioz fait l'impasse sur cette "étrange catastrophe". Est-ce à dire qu'il n'est pas intéressé par cette étreinte que le futur marié croit voir à la fenêtre de sa promise, la veille des épousailles ? C'est qu'il traitera autrement de ce théâtre du contre-jour, en renvoyant dos à dos le couple des candides et celui des sceptiques. Héro et Claudio d'une part, Béatrice et Bénédict de l'autre.Il donne à voir la surprise de l'amour à l'oeuvre, dans un esprit très français qui court de l'Astrée à L'amour masqué en passant par La dispute, et c'est délectable de regarder les plus malins se jeter dans la gueule du loup avec plus d'appétit que la bête elle-même. Jusqu'au bout, ils resteront cramponnés à leur savoir doux-amer : " Il n'y a pas d'amour longtemps heureux. Cet instant est une trêve, mais la guerre joyeuse que nous nous livrons, elle, nous est assurée pour toujours."
Mais alors épiphanie ou escroquerie ? S'aiment-ils, Béatrice et Bénédict ? N'attendaient-ils que l'assurance de l'amour de l'autre pour s'avouer le leur ? Ou bien sont-ils les jouets du stratagème d'un monarque que la paix a soudain privé de stratégies ?
L'école des amants est ouverte. Prenons place.
Emmanuelle Cordoliani