Match d’improvisation : théâtre – musique – danse
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- 16avr2015
- Horaires 19h00
- Catégorie Concert-lecture
- Adresse

Cependant, cette conception des improvisateurs évoluant dans un monde clos n'est qu'apparence. Le spectacle d'improvisation théâtrale place au contraire le public au centre de l'attention. Le spectateur est celui qui propose les thèmes, influe sur la prestation puis la juge en votant. Le risque pour les comédiens est alors de se concentrer exclusivement sur le plaisir à procurer au public, dénaturant alors leur personnalité. Les sous-entendus grivois provoquent par exemple un rire facile, souvent au dépend de la qualité des interactions entre les comédiens. L'improvisateur doit alors trouver un équilibre entre le professionnalisme et les contraintes liées au public.
Lors d'une improvisation mêlant musique et théâtre, la difficulté est de créer le lien entre ces univers, le temps de la parole étant plus rapide que celui de la musique. Alors que le comédien, en quelques mots, une expression du visage, réussit à délimiter un champ émotionnel, un caractère, il faut beaucoup plus de temps au musicien pour transmettre cette même émotion. A l'inverse, le musicien improvisateur à l'avantage d'utiliser un moyen de communication évocateur, aisément poétique, tandis que le comédien devra lutter contre la facilité de la description littérale. Lorsque comédiens et musiciens improvisent ensemble, ils doivent ainsi constamment veiller à cette double temporalité d'évocation.
Viennent ensuite les contraintes données par l'arbitre ou le public. Elles englobent par exemple la nécessité de faire des rimes, de jouer dans un style du XVIIe siècle, d'improviser un Western... Elles font que les improvisateurs se surpassent, dépassent leur style habituel, prennent des risques. Elles sont ainsi forme de virtuosité. Le public attend d'être impressionné, surpris par la réactivité et l'invention de l'improvisateur faisant face à une contrainte donnée.
Léo Duprey