
Rodolphe Théry
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Master 2020Percussions
En 2019, Rodolphe est nommé timbalier Solo de l’Orchestre philharmonique de Radio-France après des études au Conservatoire de Paris (CNSMDP) dans la classe de Michel Cerutti et Gilles Durot. Il collabore également avec des ensembles comme le Cercle de l’Harmonie, Les Siècles, les Dissonances et se produit avec des orchestres internationaux comme le Philharmonia à Londres, l’orchestre du Bayerische Staastoper de Munich, sous la direction de chefs tels que Valery Gergiev, Daniel Harding, François-Xavier Roth… Passionné par la musique de chambre, il fonde le Trio Xenakis en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2018.
Henry Purcell,
Music for the funeral of Queen Mary : March, Z. 860
Yan Maresz,
Étude d’impacts
Pierre Jodlowski,
24 loops
Francois Sarhan,
Homework, 1re partie pour solo de percussion corporelle
Dzovinar Mikirditsian,
La Voix du sel (création)
Iannis Xenakis,
Okho
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J’ai imaginé ce récital qui devait célébrer la fin de mes études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, comme un moment donné pour enfin présenter quelques-unes de œuvres pour percussions que je souhaitais proposer. Les quatre premières années ne laissant que très peu de place pour essayer de défendre une ou plusieurs pièces que nous affectionnons, la perspective de liberté du récital de fin d’études est très libératrice et permet de proposer un concert, couronné de moments d’échange. Et j’ai voulu à travers ce moment, illustrer toutes les expériences que j’ai abordées ces cinq dernières années.
J’ai eu l’occasion de beaucoup jouer les instruments d’époque au cours de ma scolarité, aussi la March de Music for the funeral of Queen Mary était un bon moyen de défendre des sonorités qui me sont chères et de rendre hommage à Kubrick, un réalisateur avec un goût certain pour les timbales dans les grandes pages orchestrales… Étude d’impacts, pour cinq timbales de Yan Maresz aurait dû succéder à Purcell (et Kubrick…), en opposant à la simplicité martiale de cette marche, une virtuosité mathématique faite de polyrythmies infernales et de chromatismes décadents, et aurait permis de mettre en perspective l’évolution de la manufacture des instruments. Le 24 loops de Pierre Jodlowski que je comptais « ré-orchestrer » autour de la timbale (dont la création de la bande électronique) me permettait de faire la transition entre les timbales et l’amplification que je souhaitais apporter sur la voix de Homework de François Sarhan. La première main levée et l’énergique « Take » de Homework seraient venu arrêter sèchement la bande de 24 loops, et l’amplification légère de la voix aurait permis de continuer l’association de la voix et de l’amplification qui était l’un des principes de bases de cette année créative avec la compositrice Dvozinar Mikirditsian, pour La Voix du sel. Cette pièce, pensée pour le Trio Xenakis dont je fais partie, est basée sur un poème Arménien chuchoté dans trois langues, l’arabe, l’arménien et le français tout au long de la pièce, polarisée autour de deux installations : l’une d’instruments de percussions traditionnels du répertoire contemporain et devant ce « parc d’instruments », quelques micros qui sonorisent différentes « textures sonores » : le sable, la pierre, le verre… Pour clore ce récital, et toujours avec Adélaïde Ferrière et Emmanuel Jacquet du Trio Xenakis, je souhaitais proposer notre interprétation de la pièce qui nous a unis pour former notre trio, Okho pour trois djembés. Ce chef d’œuvre de Xenakis, dont nous préparons un enregistrement pour fêter le centenaire de naissance en 2022, trouve un juste équilibre entre le viscéral et cérébral grâce aux différentes couleurs trouvées par Xenakis dans la combinaison de frappes, et par sa complexité technique et rythmique.
Ce programme, très personnel et éclectique, essayait d’illustrer la richesse du répertoire pour percussions. De la musique baroque, à la création, de l’ensemble au répertoire soliste, en passant par le théâtre musical et l’électronique, mon parcours au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et la vie d’interprète que j’ai eu envie de développer à côté m’auront permis d’aborder tous ces répertoires, et de pouvoir proposer un éventail des sonorités que la percussion permet.
Photo : © Zoé Ducournau