
Odéric Daluz
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Diplôme de 1er cycle danse contemporaine 2020Danse contemporaine
Soul Night
Le Temps (entre le rêve et la mort)
Une dualité entre le rêve et la mort, permet de découvrir deux mondes avec des temps, des couleurs très différents. Alors que se passerait-il, si nous réunissions ces deux mondes dans un seul et même monde ?
La nuit de l’âme ne serait-elle pas la quête vers un rêve d’unité…
En ce moment, je suis énormément intéressé par le temps.
Mes recherches ont commencé en passant en revue, ce que d’autres artistes avaient déjà créée sur ce thème : peinture, livres, danse.
Ce sujet a déjà été traité sous de nombreux angles et j’ai fini par me sentir noyé dans tous ces matériaux.
Ne sachant pas vers quelle orientation partir, j’ai testé divers chemins comportant différents temps.
Puis j’ai eu l’image du tableau de Dali La Persistance de la Mémoire, qui m’est apparu.
En faisant mes recherches sur ce tableau, j’ai trouvé une analyse qui parlait d’un monde entre le rêve et la mort. J’ai beaucoup apprécié cette dualité appartenant au même monde. En plus ces deux éléments possèdent pour moi des temps quasiment opposés.
Ensuite j’ai commencé à chercher, aussi bien physiquement que mentalement, sur ces deux temps.
J’ai pu mettre des mots sur ce que je voulais vraiment montrer pour ces deux tonalités.
Rêve |
Mort |
Symbole |
Rapport au sol |
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Rebond |
Densité plan Horizontal |
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Élévation |
L’Abandon |
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Spirales/Respirations |
Le Dépôt |
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Travail d’Inversement du Corps |
Cassure |
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Avec ce vocabulaire, je me suis mis à chercher des mouvements pour chacun de ces mots en relation à mon thème (Le Rêve et la Mort).
Je me suis également inspiré de symboles qui avaient un certain sens parmi les symboles suivants.
Tous les symboles sélectionnés, représentent des courbes, des élévations, des suspensions, des spirales, des rebonds. Voilà pourquoi j’ai décidé de les intégrer dans ma chorégraphie. J’ai choisi ceux qui me paraissaient le plus en rapport avec mon thème.
Après avoir rassemblé suffisamment de matière, j’ai fait une sélection et je les ai assemblés pour composer ma chorégraphie, tout en utilisant les mots et les symboles.
Au niveau de l’illustration sonore, le texte de Ana Yanna sur Colors de Adrain Störm, m’a énormément touché, je le trouvais juste avec l’une des tonalités de ma chorégraphie, celle du rêve. Dans la deuxième partie, nous pouvons retrouver cette dualité qui est encore plus présente dans
Keep In Touch de Nico Muhly. Cette musique ouvre vers l’autre univers de ma chorégraphie, tout en restant en contact avec la partie voix, qui donne une élévation de la musique.
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Quel est votre projet professionnel, à court, moyen et long terme ?
Mes projets professionnels sont divers et variés.
Dans un premier temps, j’aimerai être danseur professionnel et travailler avec plusieurs chorégraphes qui m’inspirent.
Je souhaiterais également pouvoir voyager dans le monde entier, et être engagé dans des spectacles de danse contemporaine. Je pense que l’expérience scénique est très importante et gratifiante.
Dans un deuxième temps, je pense monter ma compagnie et créer mes propres chorégraphies. C’est pour cela que je trouve qu’une expérience scénique est très importante à acquérir, avant de passer à cette étape. Le métier de chorégraphe est très intéressant, mais je suis conscient que je bloque encore sur certains points, notamment la perception du public sur mes créations.
À long terme, j’ai l’ambition de construire une école de danse adossée à ma compagnie et qui formerait la nouvelle génération de danseurs interprètes. Ce projet me tient particulièrement à cœur, car je pense que la transmission de nos savoirs est fondamentale.
Que retirez-vous des quatre années au CNSMDP ?
Lors de ces années au CNSMDP, j’ai pu me rendre compte que j’ai grandi, mûri et que cela m’a formé en tant qu’individu.
À mon arrivée, j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation, car je venais de l’étranger où les mentalités étaient différentes, et cela a débouché sur le redoublement de la classe préparatoire.
Cette expérience a été un moment difficile, mais m’a obligé à me poser des questions sur moi, sur la danse, sur mon futur, si cela était vraiment la voie que je désirais prendre. À chaque fois que j’ai traversé ces remises en question, la réponse a toujours été la même : je ne voulais pas m’arrêter là, je voulais continuer à progresser. J’ai compris que la danse était toute ma vie.
Le CNSMDP m’a appris à collaborer avec les autres, et aussi à évoluer avec un groupe, à monter des projets, à devoir me séparer de certaines personnes, pour en retrouver de nouvelles.
Je pense que cela a été très formateur, car dans la vie d’un danseur les rencontres sont multiples. Ces quatre années avec la même classe m’ont aussi permis de créer des liens fort avec les autres élèves et les enseignants et ils sont devenus comme une seconde famille. J’espère que nous arriverons à garder ces liens précieux à mes yeux dans le futur, et pourquoi pas monter ensemble des projets.
Que représente pour vous la danse contemporaine en 2020 ?
La danse contemporaine est pour moi, une discipline où chacun peut faire ses propres expériences en faisant tous les mélanges possibles et inimaginables. Je pense qu’il y a autant de style qu’il y a de danseur, en fonction de la personnalité et du parcours de chacun. C’est ce qui donne cette richesse à la danse contemporaine.
D’un autre côté, la danse contemporaine est aussi un partage constant entre plusieurs personnes.
Nous échangeons énormément entre nous, et sommes donc à l’écoute des uns des autres.
De mon point de vue, la danse peu importe l’époque, a toujours été une façon d’exprimer ses sentiments, raconter une histoire, prendre une position par rapport à un événement ou un contexte politique ou sociétal, sans forcément utiliser la parole ou l’écrit. La danse permet également de faire voyager le spectateur dans notre imaginaire, de défendre une conviction, et de la partager avec le public.