
Katia Weimann
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Master 2020Accompagnement vocal
Née en 1992, Katia Weimann commence le piano à l’âge de 6 ans et se passionne rapidement pour l’art lyrique. Formée au CRR puis au Pôle supérieur de Boulogne-Billancourt, Katia poursuit ses études auprès d’Anne Le Bozec et d’Emmanuel Olivier dans la classe d’Accompagnement vocal du CNSMDP.
Lauréate de la Fondation Royaumont, Katia a travaillé sur les opéras de Rossini dans le cadre d’une formation à l’Abbaye, avec Patrice Caurier, Moshe Leiser et Jean-Paul Pruna. Katia collabore régulièrement avec de jeunes compagnies lyriques. Elle est aussi pianiste-chef de chant à la Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique.
Richard Strauss,
Traum durch die Dämmerung, op. 29 n°1
Richard Strauss,
Nachtgang, op. 29 n°3
Joseph Marx,
Nocturne
Joseph Marx,
Nachtgebet
Joseph Marx,
Pierrot Dandy
Arnold Schoenberg,
Der genügsame Liebhaber
Arnold Schoenberg,
Mahnung
Alexander von Zemlinsky,
Selige Stunde, op. 10 n°2
Alexander Zemlinsky,
Vöglein Schwermut, op. 10 n°3
Joseph Marx,
Selige Nacht
Alban Berg,
Fraue, du Süβe
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Über uns aber war ein Sternenhimmel so blau und weit gespannt, wie er in Wirklichkeit gar nicht existiert, und das war die Decke unseres Brautgemachs. Du nahmst mich in die Arme und liebtest mich sehr.
(Mais au-dessus de nous, il y avait un ciel étoilé plus bleu et plus vaste qu’il n’en peut exister dans la réalité, et c’était le plafond de notre chambre nuptiale. Tu m’as prise dans tes bras et tu m’as aimée très fort.)
Arthur Schnitzler,
Traumnovelle, « La Nouvelle rêvée »
Du crépuscule à l’aube, un homme déambule, seul, sans savoir où il va. Il ne sait plus vraiment ce qui l’a conduit dehors en cette nuit d’été. Il marche sans but.
Il contemple la beauté de la ville endormie. Les rues désertées sont de plus en plus calmes. Séduit par l’obscurité croissante, il s’autorise peu à peu à laisser aller son chagrin. Mais il est aussi attiré par les lumières et les animations de la vie nocturne. Au hasard de son errance, il entre dans un cabaret. Il y rencontre un Pierrot fantasque. On y chante des chansons grivoises qu’il s’amuse à reprendre.
Grisé par les vapeurs de la fête, il songe à l’être aimé. Cependant, il est bientôt rattrapé par ses angoisses. Lui est-elle fidèle ? Il est sans cesse balloté d’une émotion à une autre, du tendre souvenir de l’étreinte amoureuse aux malaises des vertiges existentiels, de l’embrasement érotique à la froideur de la mort. Ses pas le guident, semble-t-il malgré lui, vers des couches de plus en plus profondes de son inconscient. Au matin il rentre chez lui et retrouve les bras de sa bien-aimée. Mais il ne se sent plus tout à fait le même...
Et si tout ceci n’avait été finalement qu’un rêve ?
Pensé comme un voyage à Vienne au tournant des XIXe et XXe siècles, avec des œuvres toutes composées entre 1890 et 1914, ce programme s’est nourri de l’univers des artistes viennois actifs à cette période tels que les peintres Gustav Klimt et Egon Schiele, ainsi que de lectures de Sigmund Freud, de Stefan Zweig et d’Arthur Schnitzler.
Traumnovelle est un court roman de ce dernier. Les multiples implications du titre sont très difficiles à traduire en français : La Nouvelle rêvée, Rien qu’un rêve ou Double rêve ne témoignent qu’imparfaitement de la profondeur du substantif composé allemand, qui n’est pas sans rappeler Die Traumdeutung, « L’Interprétation des rêves » du père de la psychanalyse. La rencontre avec ce récit d’une errance dans la Vienne du début des années 1920 a été une source d’inspiration cruciale. Elle a fait naître en moi l’envie d’un parcours d’essence programmatique, au gré des incohérences d’une quête sans but, et qui permette à l’auditeur de se laisser guider, de Richard Strauss à Alban Berg, d’Arnold Schoenberg à Alexander Zemlinsky ou à Joseph Marx.
Des résonances profondes entre musique et art pictural infusent selon moi à travers tout le programme. Elles appellent à l’enrichissement de la représentation avec des projections en fond de scène de reproductions d’œuvres de Klimt et de Schiele.
Entre rêve fantastique et vécu pulsionnel, la nuit s’est emparée de ce programme viennois. Comme elle envahit dans la nouvelle de Schnitzler la psyché du protagoniste, Fridolin, elle a envoûté aussi le héros de ce récital, interprété par le ténor Thomas Ricart.