
Iris Scialom
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Master 2020Violon
Après ses études au Conservatoire de Saint-Maur, Iris Scialom entre au Conservatoire de Paris (CNSMDP) à l’âge de 13 ans. Dès lors, elle s’intéresse beaucoup à la pratique sur instruments historiques, ainsi qu’à la création contemporaine, à la musique indienne et à l’opéra. Elle est lauréate de nombreux concours Internationaux comme Tibor Varga Junior, Mirecourt, ou encore Ginette Neveu. Iris donne régulièrement des concerts de sonate et vient d’être admise à l’Académie Jaroussky. Elle a été soutenue par la Fondation Meyer et Patrick Petit et joue un violon François Caussin de 1855.
Béla Bartók,
Sonate pour violon solo, Sz. 117 BB 124, 1er mouvement : Tempo di ciaccona
Johann Sebastian Bach,
Chaconne de la Partita pour violon seul n° 2 en ré mineur, BWV 1004
Johannes Brahms,
Concerto pour violon en ré majeur, op. 77, 3e mouvement, Allegro giocoso, ma non troppo vivace
Iris Scialom,
Improvisation indienne : « alāp » sur Puriya Dhanashri
Maurice Ravel
Tzigane, M. 76
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J’ai souhaité proposer un programme construit autour d’une double thématique : l’influence de JS. Bach et la musique tzigane, avec Brahms comme figure centrale.
Johann Sebastian Bach, Johannes Brahms et Béla Bartók : ces trois compositeurs, au-delà de leur initiale commune, forment une lignée artistique. Si Bach est une source d'inspiration pour tous les musiciens, Brahms avait avec sa musique une affinité particulière, qui l’a notamment conduit à transcrire pour la main gauche seule du piano la Chaconne pour violon seul, une œuvre dont les harmonies sont particulièrement bouleversantes et d’une densité rare au violon. Bartók, quant à lui, s'est spécialement inspiré de l'art du dialogue chez Bach, c'est-à-dire l'interaction entre les voix créant un organisme complexe et vivant. La force de cette alliance entre les dimensions verticale et horizontale de l’écriture est ce qui rend unique l’art du contrepoint de JS. Bach. Le fait que, comme lui, Brahms et Bartók traitent le violon comme un instrument tout aussi harmonique que mélodique m’intéresse particulièrement, et a motivé le choix de ce programme,
Dans la première grande partie du récital, il s'agit donc de montrer le rapport entre les trois compositeurs ainsi que de tenter de créer un choc esthétique en passant de Bartók à Bach, pour faire entendre la Chaconne de Bach après le Tempo di Ciaccona de Bartók.
Brahms s’inscrit dans cette lignée mais également dans le rapport à la musique traditionnelle : le 3e mouvement de son concerto est en effet inspiré par la musique hongroise. Cela permet d’établir un autre lien entre Brahms et Bartók : très influencé par Brahms dans ses premières compositions, ce dernier a ensuite mené un véritable travail ethnomusicologique sur les musiques populaires des Balkans, et en particulier la musique tzigano-hongroise, qui a profondément marqué son langage de compositeur.
Mon improvisation est quant à elle inspirée du début de Tzigane de Ravel, non pas dans le caractère mais dans le mode utilisé. Ayant étudié la musique hindustanie (de l'Inde du nord) avec Henri Tournier, en partie suivant la tradition de transmission orale, j’ai souhaité mettre en lumière l'influence de la musique traditionnelle à travers des œuvres marquantes du répertoire du violon comme le 3e mouvement du Concerto de Brahms et Tzigane de Ravel. L'improvisation que je propose est un Alap (dialogue). C'est un prélude lent qui permet de faire découvrir le Raga et toutes ses caractéristiques de façon systématique, car le musicien présente dans un certain ordre toutes les notes du mode utilisé, sachant que chacune d'entre elles a un rôle bien particulier, comme les fonctions dans la tonalité occidentale. Le début de Tzigane de Ravel m'évoque le mode Puriya Dhanashri : je réaliserais donc un Alap sur ce mode, accompagnée d'un Tanpura (instrument à cordes jouant un bourdon). Le but serait que les auditeurs comprennent le rapport entre l’improvisation et Tzigane au moment où je commence à jouer cette pièce de Ravel.
En terminant ce programme avec Ravel, et en l’ayant commencé avec Bartók, nous réalisons symboliquement le souhait de ce dernier, qui clamait dans ses écrits son amour de la France et avait longtemps rêvé de quitter Budapest pour Paris.
Photo © Amandine Lauriol Académie Jaroussky