Karol Szymanowski : Variations en si bémol mineur pour piano op. 3
Gaspard Thomas, piano

Le compositeur polonais Karol Szymanowski (1882-1937), bien que né plus de trente ans après la mort de Frédéric Chopin (1810-1849), a puisé son inspiration dans l'œuvre pour piano de son ainé, et en particulier dans son écriture pianistique. Le « pianisme » chopinien semble être en effet un élément constitutif de ses compositions pour piano (notamment pour certaines œuvres de jeunesse comme les Préludes op. 1, les Variations op. 3 ou encore les Études op. 4) ; on peut observer cette parenté d’esthétique pianistique jusque dans le dessin des lignes mélodiques principales et des contrechants, le goût du contrepoint transposé au piano, et également la façon d’écrire les accompagnements de main gauche, contournant et à la fois enveloppant la mélodie, remplissant savamment les interstices rythmiques permettant au chant de respirer, sans que jamais la texture générale ne paraisse étouffée.
Les 12 Variations en si bémol mineur op. 3, petites sœurs des Variations sur un thème populaire polonais op. 10, incarnent parfaitement l'esprit des œuvres de jeunesse de Szymanowski, où sont déjà présents l’aspect jaillissant et foisonnant de ses compositions, la multitude d’idées harmoniques, rythmiques, le goût des contrastes saisissants en des temps parfois très courts. Si l'on y sent une empreinte forte de l’héritage pianistique chopinien, Szymanowski fait déjà pressentir l'univers harmonique et coloré qui sera le sien dans des œuvres plus tardives (Masques, Métopes), en particulier dans la Variation III : Andantino, quasi tempo di mazurka.
Les Variations op. 3, dans leur construction et leur trame narrative, témoignent enfin d'une ambition de grandeur (on pense notamment à la variation finale), d'une expression très intense et exacerbée qui n'est pas sans évoquer d'autres éminents compositeurs-pianistes comme Scriabine ou Rachmaninov, contemporains de Szymanowski.

Né en 1997, Gaspard Thomas a remporté de nombreuses récompenses en concours internationaux : premier prix au concours France-Amériques 2019 ainsi qu'un second prix et sept prix spéciaux au concours Piano Campus 2019 à Pontoise ; il reçoit en 2023 le troisième prix et deux prix spéciaux au Concours Szymanowski de Katowice en Pologne. Il est par ailleurs lauréat de l’Académie musicale Philippe-Jaroussky, de l'Académie de Villecroze, des Fondations Banque populaire et Safran, ainsi qu'artiste en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2021.
Gaspard Thomas se produit régulièrement en soliste et a notamment joué avec l’Orchestre Appassionato, dirigé par Mathieu Herzog, et l’Orchestre Opéra éclaté sous la baguette de Victor Jacob. En 2023 et 2024, il joue avec l’Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Lucie Leguay, ainsi qu'avec l’Orchestre philharmonique de la Radio polonaise, dirigé par José-Maria Florêncio, à Katowice.
Il est artiste invité dans plusieurs festivals en France tels que le Festival de La Roque-d’Anthéron, le Festival de Deauville, les Lisztomanias, les Pianissimes, le Festival Chopin de Nohant, Piano en Saintonge, le Festival de Saint-Céré. On a pu entendre Gaspard Thomas notamment à l’Auditorium de Radio France, à l’Auditorium de la Seine musicale, à l’Orangerie de Bagatelle, au Musée Guimet, au showroom parisien Steinway & Sons, à l’Ambassade de Pologne et à l’Institut Liszt de Paris. Il a également participé au vingtième festival des Nuits Caraïbes en Guadeloupe ainsi qu’à une tournée de concerts dans l’État de New York, grâce à l’association Orphée Musique.
Chambriste très apprécié, il se produit régulièrement avec la violoniste et compositrice Élise Bertrand (Sommets musicaux de Gstaad, tournée de l’Ajam en Alsace, récital à la Bibliothèque nationale de France). Il partage également la scène avec la violoncelliste Stéphanie Huang dans des concerts au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, à la Sala Verdi de Milan et aux Musicales de Gadagne en France.
Gaspard Thomas est diplômé d’un master de piano du Conservatoire de Paris dans la classe de Claire Désert, et a pu travailler lors de masterclasses avec des artistes tels que Sir András Schiff, Bertrand Chamayou, David Kadouch, Bernard d’Ascoli et Hortense Cartier-Bresson. Son parcours au Conservatoire s’enrichit de la rencontre de personnalités telles que Thierry Escaich, Fabien Waksman, Anne Le Bozec et Marc-André Dalbavie.
Également ouvert à la création, il compose Poème pour un orchestre de 96 pianistes, pièce créée à la Philharmonie de Paris en 2019. Il s’est formé auparavant aux conservatoires de Poitiers, Bordeaux et Saint-Maur-des-Fossés.

Contact : gaspardthomas@aol.com