
Duo Kappes-Ramond
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Master 2021Musique de chambre
Récital de fin de master
Marek Pasieczny,
Anamnesis IV In Memoriam : Takemitsu pour deux guitares
Pancrace Royer,
Suite de pièces de clavecin : L'Aimable, Les Matelots, Premier et deuxième tambourin (transcription pour deux guitares)
Federico Mompou,
Canço i danses nos 6, 8, 3 et 5 (transcription pour deux guitares)
Marek Pasieczny,
In Memoriam : Lutoslawski pour deux guitares
Baptiste Ramond et Vincent Kappes, guitare
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Nous vous proposons un programme qui reflète selon nous la guitare telle que nous la percevons : capable de susciter la fascination et la créativité des compositeurs d’aujourd’hui en quête de nouvelles sonorités, autant que de puiser dans du répertoire qui n’a au départ pas été écrit pour elle, par le truchement de la transcription et de l’arrangement.
Marek Pasieczny est un guitariste polonais, né en 1980. Il fait partie des compositeurs polonais les plus célèbres de sa génération. Une part importante de son œuvre est consacrée à la guitare (en solo, duo, quatuor ou en concerto) mais également à la musique de chambre, à l'orchestre et à la voix, avec plus de 150 œuvres à son actif. Sa connaissance de la guitare associée à un langage original produit des œuvres d'une redoutable efficacité. Nous avons choisi d’encadrer notre programme par deux de ses pièces.
Anamnesis IV est la quatrième version d'une œuvre au départ composée pour guitare seule, arrangée pour piano, puis pour guitare et violoncelle. Du grec anamimneskein qui signifie « se souvenir », le titre fait référence à l'idée platonicienne que l'être humain aurait la capacité de faire appel à des connaissances issues d'une existence antérieure, par la mémoire. La pièce se fonde sur un motif de harpe présent dans And then I knew 'twas Wind de Toru Takemitsu, écrit en 1992. Celle-ci est elle-même un hommage à Debussy, citant d’ailleurs un motif de sa Sonate pour flûte, alto et harpe.
In Memoriam : Lutoslawski est composée en trois mouvements, chacun faisant référence à trois œuvres de Lutoslawski : Trois poèmes d'Henri Michaux pour chœur et orchestre, Variations symphoniques pour orchestre, et Sacher variations pour violoncelle solo. Le deuxième mouvement utilise un langage chromatique, bien que s'inscrivant dans un langage tonal. Il s'inspire en outre de la Klangfarbenmelodie et de la « variation perpétuelle » de Schoenberg, telle que Lutoslawski l'employait. Le troisième mouvement est basé sur les six notes du nom du mécène de Lutoslawski, Paul Sacher : eS / mi b, A / la, C / do, H / si, E / mi, R / ré.
À l’instar de Jacques Duphly ou Jean-Baptiste Antoine Forqueray, Joseph-Nicolas-Pancrace Royer fait partie de ces derniers clavecinistes français du XVIIIe siècle, successeurs de Rameau et de Couperin. En pleine Europe des Lumières, ce Turinois de naissance eut beaucoup de succès en France, notamment par ses « ballets-héroïques » comme La Zaïde en 1739, ou encore Le Pouvoir de l’Amour en 1743… Chargé de la direction du Concert spirituel dès les années 1750, il compose en s'appuyant sur des textes de Rousseau et de Voltaire, et tente de renouveler une institution sur le déclin. Dans son 3e livre de clavecin, François Couperin propose : « On trouvera dans ce 3e livre des pièces que je nomme Pièces-croisées [...]. Ainsi celles qui porteront ce même titre devront être jouées sur deux claviers, dont l’un soit repoussé ou retiré. [...] Ces sortes de pièces, d'ailleurs, seront propres à deux flûtes ou hautbois, ainsi que pour deux violons, deux violes et autres instruments à l’unisson, bien entendu que ceux qui les exécuteront les mettront à la portée des leurs. » Il nous est alors apparu pertinent d’opérer une transcription de ce répertoire pour deux guitares, au-delà du cousinage évident de cet autre instrument à cordes pincées qu’est le clavecin.
Les Chansons et danses pour piano de Federico Mompou nous ont toujours fascinées. On y retrouve le caractère lyrique et mélancolique, voire mystique, du compositeur, tel qu'il apparaît dans sa Suite compostelana pour guitare seule. Son expressivité fait toujours preuve d'une grande sobriété et ne sombre jamais dans un pathos démesuré. Déjà familiers des mélodies populaires catalanes (La filla del Marxant, le Testament d’Amelia…) dans leur version du guitariste Miguel Llobet, leur traitement harmonique si original et raffiné nous a ici époustouflé. Celui-ci nous amène dans l'univers particulier du compositeur (proche d'un Erik Satie) : celui de la « présence lointaine », tel que le décrit Vladimir Jankélévitch. Les thématiques de l’enfance, de la réminiscence, d’un écho du passé dans le présent, ou encore du silence, innervent ces Chansons et danses.
Baptiste Ramond et Vincent Kappes se sont rencontrés durant leurs études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. L’amitié qui, très vite, lia ces deux guitaristes, fût renforcée par le projet qu’ils eurent de jouer ensemble. Diplômés du Master de musique de chambre du CNSMDP, ils éprouvent une passion commune à partager la musique aussi bien en tant qu’enseignant qu’en tant que concertiste. Ils proposent un répertoire varié, allant de la musique baroque à la création contemporaine. Ils se sont notamment produits au Musée de l’Armée de l’Hôtel des Invalides, au Festival de guitare Sul Tasto, ou encore au Festival International de Guitare de Paris. Leurs différentes personnalités en font deux musiciens complémentaires qui apprennent constamment l’un de l’autre. Réunis par un même idéal artistique, un même goût pour la nouveauté, la transcription et les répertoires méconnus, ce duo forme une entité musicale généreuse et complexe. Il s’en dégage une volonté forte, celle de l’essence du travail de l’interprète : « un acte original et créatif, à tout le moins une refonte de l’œuvre sous nos yeux » (C. Rosen)… et nos oreilles.
Contacts : bramond@cnsmdp.fr | vince.kpes@gmail.com