
Cyprien Noisette
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Master 2020Percussions
Musicien polyvalent, le percussionniste Cyprien Noisette défend une musique humaine. Il est investi dans plusieurs projets de musique de chambre, de création contemporaine, dans la création de spectacles autour de la percussion et joue régulièrement avec des orchestres tels que l’Orchestre de Paris, l’Orchestre national de Lorraine ou l’Orchestre Lamoureux. Parallèlement à sa formation au CNSMDP avec Gilles Durot, il se perfectionne auprès du marimbiste Eric Sammut, pratique l’improvisation jazz avec Franck Dentresangle et la musique indienne avec Henri Tournier. Il suit actuellement une formation pédagogique (DE) et une formation de clown. En 2020, Cyprien Noisette reçoit le soutien de l’ADAMI.
Benoît Cambreling,
Thor pour 5 timbales
Vinko Globokar,
?Corporel pour un percussionniste et son corps
Jacob Druckman,
Reflexion on the nature of water pour marimba – 1er et 4e mouvements
Interlude improvisé (pandeiro et vibraphone)
Jean-Luc Fafchamps,
En 2011, toutes les 4”... pour percussions
Bruno Mantovani,
Moi, Jeu... pour marimba
Raymond Devos,
L’Artiste
Johann Sebastian Bach,
Invention n° 6 en mi majeur, BWV 777
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« Sur une mer imaginaire, loin de la rive...
L’artiste en quête d’absolu,
joue les naufragés volontaires... »
L’Artiste, Raymond Devos
Le spectateur suit un Musicien solitaire dans sa quête musicale.
« Est-il bien musical ce plaisir, ce frisson que nous éprouvons au spectacle de la virtuosité ? Est-elle saine, l’adoration que suscite le virtuose ? »
Pourquoi la musique ?, Francis Wolff
Au commencement, le Musicien solitaire se questionne. À l’heure du sensationnel, du buzz, n’est-il pas trop facile de séduire le public grâce au spectacle des percussions ? Après la virtuosité de Thor, il abandonne donc l’artifice instrumental et cherche dans ?Corporel un plaisir musicalement incarné.
« Le son vient d’un corps qui vibre, et lorsque l’onde nous en parvient, elle fait vibrer le nôtre. La musique vient d’abord de ce corps à corps. »
Pourquoi la musique, Francis Wolff
Le Musicien solitaire est assis seul avec son corps au milieu d’une terre nourricière. Cette sobriété est le lieu de renaissance de la sensation et de l’émotion musicale. Celles-ci le ramènent aux sources du plaisir, de la Vie.
Mais ?Corporel est aussi le lieu d’une lutte entre le corps et l’esprit. Ce dernier finit par perdre son influence, non sans avoir rappelé la nécessité de sa présence. Le Musicien solitaire affirme alors dans une dernière conscience :
« L’histoire des hommes est la longue succession des synonymes d’un même vocable. Y contredire est un devoir. »
?Corporel, citation de René Char
Comment ne pas lutter contre l’évolution après avoir goûté à la simplicité primitive ?
Parmi les nombreux défis majeurs liés à la folie du monde 2.0 et que le musicien ne peut ignorer, celui de l’eau et de la nourriture est certainement le plus important.
Le journal montre comment l’expansion des multinationales alimentaires, en quête de marchés en croissance, transforme en profondeur les modes de production, de distribution et de consommation de la nourriture, avec pour conséquence « des taux d’obésité en pleine explosion dans des pays aux prises avec la faim et la malnutrition il y a seulement une génération ».
« En conséquence, « à l’échelle mondiale, plus de gens sont désormais obèses qu’en situation de sous-poids. »
Courrier International, « Un monde obèse et mal nourri »
Ce défi représente à lui seul la déconnexion des humains avec leur Terre, la course au profit, l’égoïsme de consommation et l’incapacité
Bien sûr, de nombreuses initiatives citoyennes apparaissent : sociétés alternatives, combat anti-pesticides, dénonciation des abus cruels de l’élevage de masse, appel pour une gastronomie humaniste.
Dans ce contexte, le Musicien solitaire participe à « contredire l’histoire des hommes » en s’engageant contre l’absurde. Dans la pièce suivante il dénonce par les coups de grosse caisse réguliers l’horrible réalité : En 2011, toutes les 4’’... , un homme meurt de faim.
« Parce que le repas, quelles que soient ses formes et ses latitudes, rassemble les hommes et est un puissant vecteur de lien social. Lieu de culture, d’échange et d’altérité il est un facteur de paix et de plaisir qui favorise la connaissance et l’apprentissage de l’autre. Faisons-en un lieu de civilité qui ouvre les portes d’une civilisation de l’empathie. »
Appel à la Déclaration Universelle de la Gastronomie Humaniste [Art.5]
Le Musicien solitaire brise aussi la « longue succession d’un même vocable » en partageant un message d’espoir. Il trouve sa place en se livrant au public.
La diversité des langages importe peu. Tant qu’elle ne triche pas, la musique sonne, elle rassemble et favorise l’harmonie entre les Hommes.
Luttant contre l’adversité sur sa planche dans L’artiste, improvisateur fou dans Moi, jeu... ou chercheur de plénitude harmonique dans l’Invention n° 6 de Bach, le Musicien solitaire se donne dans une musique de lien, une musique d’émotion, une musique de partage.
La musique comme la gastronomie, est un art d’esprit mais avant tout un art du corps, un plaisir viscéral, dans lequel le Musicien Solitaire, comme tous les Hommes, trouve une raison de vivre, une raison d’être.