
Aramis Monroy
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Master 2020Violon
Aramis Monroy est un jeune musicien franco-mexicain. Il étudie auprès d’Ann-Estelle Medouze au Pôle Sup’93 puis se perfectionne au CNSMDP auprès de Jean-Marc Phillips-Varjabédian. Il se produit en tant que tuttiste, chef d’attaque ou encore soliste au sein de nombreux orchestres prestigieux. En 2014, il se produit dans les spectacles Cyrano de Bergerac et Le Cid, mis en scène par Jean-Philippe Daguerre. Aramis Monroy étudie aussi le piano et la batterie et conquiert les scènes du monde entier dans différents projets allant du rock à la cumbia, en passant par les musiques berbères, klezmer et mexicaine. Aramis joue un violon en bois d’arbre véritable, gracieusement prêté par la Fundación Mama y Papa.
Alberto Ginastera,
Pampeana n° 1, op. 16 pour violon et piano
Tomás Gubitsch,
Travesuras pour violon, violoncelle et guitare électrique
Tomás Gubitsch,
Persécution et fugue pour violon, violoncelle et guitare électrique
Gerardo Di Giusto,
Concerto n°1 pour violon et orchestre (création)
Astor Piazzolla (bis),
Escualo pour violon, contrebasse et guitare électrique (arr. Aramis Monroy)
L’Argentine est mise à l’honneur dans ce programme haut en couleurs où se rencontrent musique savante et musique populaire. Entre la richesse de leurs personnalités rythmiques et de leurs contours mélodiques, les musiques latino-américaines se distinguent par la variété de leurs sonorités et leur expression puissante. Le métissage apparaît comme une notion de première importance pour saisir cette musique et se l’approprier. En effet, la musique argentine peine à se définir en tant que telle car elle résulte de la fusion complexe de rythmes africains, cubains, et d’autres éléments musicaux empruntés des pays limitrophes. Comme dans toute l’Amérique latine, l’identité d’une nation et ses particularismes culturels se définissent par leur diversité. Dans ce panorama musical d’un éclectisme déconcertant, la musique argentine tient une place à part, tant par la densité de ses relations avec l’Europe que par le spectre du tango qui plane sur la pensée des compositeurs. Si certaines œuvres de ce concert s’élaborent à partir des genres et des formes académiques que sont la fugue ou le concerto, elles dépassent les carcans classiques et formulent une ode à la liberté.
Les compositeurs Tomás Gubitsch et Gerardo Di Giusto regardent vers Alberto Ginastera et Astor Piazzolla, figures passées qui encadrent ce programme, et dont l’héritage n’est pas si éloigné. Si Ginastera et Piazzolla dévoilent la musique argentine en la faisant parvenir jusqu’aux scènes européennes, cette volonté, bien que rehaussée d’une touche contemporaine, est prolongée par les compositeurs d’aujourd’hui. Ainsi, les œuvres de ce programme tissent un certain nombre d’allers-retours, entre l’Amérique et l’Europe, entre Argentine et la France, entre populaire et savant, entre le répertoire du XXe siècle et la création contemporaine, entre la rigueur et la simplicité classiques et les formes fantasques ou hybrides, entre la souplesse mélodique et la vigueur rythmique. Cette complémentarité constante doit être comprise comme un transfert culturel grâce auquel est né un genre neuf, porteur de son identité propre. Les airs populaires fredonnés dans les cafés argentins au début du XXe siècle font peau neuve et gagnent les scènes internationales avant que le répertoire ne s’institutionnalise.
Le choix de ce programme et les tensions qu’il recèle se comprennent d’autant mieux que le violoniste franco-mexicain Aramis Monroy, dit « El Grandioso », incarne cette mise en regard culturelle. A son tour, les partis pris de sa mise en scène font se rencontrer lumière et obscurité, silence et improvisation, individuel et collectif. L’alliage des timbres exceptionnels, où la guitare électrique prend place pour s’adresser au violon, lève le rideau sur un répertoire repensé, actualisé et réincarné.
La scène est divisée en trois plans. Trois ambiances.
Noir salle et noir plateau. Tous les musiciens entrent sur scène. Dans le noir.
Un faisceau lumineux côté jardin éclaire un piano à queue brillant. Comme venant de la lumière, la première note de la Pampeana résonne.
La pièce terminée, le faisceau disparaît puis apparaît de nouveau mais côté cour.
Un violon, un violoncelle et une guitare électrique. Suite à l’enthousiasme du public, la guitare monte sur sa chaise et le violon joue son solo devant la scène. Rock. Vivant.
La pression redescend. Noir plateau. La scène centrale s’éclaire laissant apparaître un orchestre à cordes, tous debout. Découverte du concerto. Après les acclamations énergiques du public, se tapant les uns contre les autres, hurlant de bonheur, jetant des fleurs, des pièces de monnaies et autres billets sur la scène, le violon entame une rythmique entraînante. Il est rejoint par le contrebassiste de l’orchestre et le guitariste. Et sous forme d’improvisation, le morceau Escualo ressort. Le public n’en peut plus, il se met à danser. C’est la folie, la légende raconte que même Daft Punk n’aurait pas réussi un exploit pareil.