
Alexandra Fribault
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Diplôme de 1er cycle danse contemporaine 2020Danse contemporaine
Nature de corps
Un corps, le corps,
Dans son entier,
ou segmenté.
Le laisser parler,
ou lui dire quoi faire.
Accepter ou refuser qu’un état prenne possession de notre corps.
Le guider,
ou le laisser nous emmener.
Le corps peut-il garder l’ombre d’un geste ?
Peut-il avoir accès à toutes ses possibilités ?
Un corps en mouvement peut être,
clair ou désordonné,
abstrait ou non,
aller au bout de ses mouvements ou pas.
Comment le rendre disponible ?
Comment lui laisser l’opportunité de nous surprendre ?
Est-ce qu’un corps peut être dépersonnalisé et n’être plus qu’un état ?
* *
*
Que retirez-vous des quatre années au CNSMDP ?
Qu'est-ce qui vous tient particulièrement à cœur dans votre engagement de danseur ?
Je sors de ces quatre années passées au CNSMDP grandie et changée.
Je prends conscience que ces années sont remplies de déclics qui me semblent maintenant indispensables.
Notamment cette année j’ai pris conscience que j’avais la chance de recevoir un enseignement riche, et la maturité m’a appris à en profiter dans son entièreté.
Ces années sont remplies d’échanges et d’expériences qui nous forgent en tant que danseurs, qui nous font mûrir et nous préparent à entrer dans le monde professionnel.
Tous instants étaient formateurs, que ce soit en cours avec nos professeurs, en master classes avec des intervenants, en projet extérieur ou tous les moments passés afin de réaliser nos propres projets.
Je me suis lancée dans une première création sans savoir où cela me mènerait, j’ai découvert ma danse et mes idées portées par d’autres en réalisant qu’il y a un monde entre l’imaginaire et le réalisable.
J’ai éprouvé un sentiment de fierté devant l’aboutissement de cette pièce en ayant traversé ce qui me semble maintenant, avoir été des répètes totalement désordonnés.
Deux ans plus tard, je réalise que mon envie de créer une pièce se matérialise de façon tout à fait différente. Pressée par le temps, je me mets en tête d’arriver en répétition avec une pièce déjà préconçue. Face aux danseurs volontaires, je réalise qu’il va falloir remanier tout ce que j’avais en tête.
En me replongeant dans ces deux processus, je ressens aujourd'hui une réelle évolution et précision dans mes idées et mes envies.
Cela m’a permis d’affiner et d’affirmer ma personnalité artistique, d’approfondir mes choix et opinions et de prendre un peu plus confiance en moi.
En tant que danseuse, à travers les cours réguliers, j’ai adopté une nouvelle conscience de mon corps que je sens plus fine et plus précise, plus juste.
Je me sens aujourd’hui en capacité de prendre du recul sur ma danse, d’y apporter un regard bienveillant, également une pensée et une réflexion plus profondes.
Ces années n’ont fait que renforcer mon souhait de défendre des propos importants pour moi et de respecter des valeurs qui me sont chères.
Je sens que la sincérité prend une place importante dans ma vision de la danse, sans sincérité, il me paraît impossible d’établir un échange réel.
Ces années m’ont permis d’aller plus loin dans mes recherches et réflexions et m’ont apportées de nouvelles visions.
L’équipe pédagogique m’a accompagnée tout au long de mon cursus et m’a poussée à me surpasser.
Ces années ont été formatrices autant du côté humain qu’artistique et m’ont fait prendre conscience de ce qu’est un engagement de danseur.
La danse est une parole.
Mon engagement est dû à une volonté de dire des choses qui me tiennent à cœur, de les dire par le corps.
Développer ma gestuelle et mon écriture afin d’être en accord avec moi-même.
Ressentir des émotions, sensations qui viennent du dedans, et pouvoir les partager sans frein.
Prendre conscience de ce que lorsque je danse, je m’engage à faire passer des messages.
Ne pas pouvoir diffuser des sensations sans qu’elles me traversent.
Je ne peux pas tricher.
Ma danse naît dans mon intériorité puis se dirige et se diffuse vers l’extérieur.
C’est une responsabilité, en tant qu’interprète.
Une harmonie et un accord me semblent indispensables : avec le chorégraphe, pour être juste, sur scène, face à son propos.
Comment vous situez-vous dans le champ chorégraphique actuel ?
La danse contemporaine se nourrit de notre époque et de la personnalité de ceux qui la vivent et la construisent.
Notre danse sort de nous, elle ne peut donc qu’être personnelle et singulière.
Ce qui implique un champ très large d’ouverture.
Chacun a sa place.
Je me sens petite et timide mais voulant gravir les échelons, faire ma place et participer à l’écriture du champ chorégraphique actuel.
Je me sens en accord avec ce qui pour moi représente la danse contemporaine : une perpétuelle recherche, évolution, en respectant une palette de sensations alliant énergie, poids, espace, temps, une liberté de mouvements, une liberté avec le corps.
Il faut se laisser la liberté de s’exprimer sans avoir peur du regard des autres et assumer ses choix.
Laisser notre corps nous guider par ses différentes énergies.
Se concentrer sur l’intérieur avant l’extérieur.
J’apprécie particulièrement les travaux tout en simplicité, la pureté du geste, les travaux remplis de sincérité.
Le champ actuel est pour moi vraiment ciblé sur les ressentis.
Tout ce qu’on ressent, émotions, sensations, doivent être le centre de nos échanges, le centre de nos attentions.
C’est notre intérieur qui nous construit, c’est donc lui qui guide notre danse.