Le dialogue de Claude Delangle avec Lucie Kayas tient du bilan, du regard présent porté sur le passé, de la prise de distance, mais aussi de la trace, à l’heure où ce saxophoniste pionnier achève sa carrière au Conservatoire de Paris tout en étant engagé dans de multiples projets artistiques.
Le saxophone y tient bien sûr une place centrale, en lien avec son histoire et celle de la facture, rendant compte du rôle fondamental des interprètes dans ce domaine et de celui de Claude auprès de la maison Selmer. Cet instrument qui se situe aux frontières des styles, des mondes amateurs et professionnels, évolue sur des territoires artistiques nouveaux où l’improvisation est restée bien vivante. Sollicités dès les années 1980, les compositeurs sont omniprésents dans l’ouvrage à travers l’évocation des commandes passées, des collaborations artistiques ou pédagogiques, les deux domaines étant intrinsèquement liés. Quittant l’instrument, l’entretien se poursuit sur le terrain du corps de l’interprète pour s’achever sur un plan plus philosophique.

Claude Delangle enseigne le saxophone au Conservatoire de Paris depuis septembre 1988. À la demande de Pierre Boulez, il s’est produit en soliste et au sein de l’Ensemble Intercontemporain de 1986 à 2000. Proche de Luciano Berio, il a créé son concerto pour saxophone, Chemin VII – Récit, et s’est produit à ses côtés sur de nombreuses scènes européennes et américaines. Il a créé plus de 150 œuvres et plus de 120 compositeurs ont écrit pour ses étudiants dans le cadre de leur cursus. Claude Delangle se produit depuis quatre décennies avec son épouse, la pianiste Odile Catelin-Delangle, et collabore avec nombre de chefs d’orchestres de premier plan. Il a gravé quinze disques pour BIS, participe activement au développement des saxophones Henri-Selmer-Paris et dirige une collection aux Éditions Henry-Lemoine-Paris. Chevalier des Arts et des Lettres, et Docteur Honoris Causa de l’Université de Iași (Roumanie), il est prêtre dans la paroisse orthodoxe Saint-Germain-et-Saint-Cloud à Louveciennes.

Docteur en musicologie, Lucie Kayas a d’abord été active dans le domaine de l’industrie discographique (Deutsche Grammophon) et du théâtre lyrique (Théâtre du Châtelet). Ses publications (Actes Sud, Fayard, Société française de musicologie) portent essentiellement sur la musique française du XXe siècle (Poulenc, Jolivet, Messiaen), mais également sur la médiation de la musique qu’elle pratique elle-même. Elle enseigne la culture musicale au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (classe des Métiers de la culture musicale) depuis 2008.

Chaque volume de la collection « Dialogue », destinée à un large public, dévoile les arcanes de la transmission musicale ou chorégraphique, au fil d’une conversation avec un artiste dont le parcours est étroitement lié au Conservatoire de Paris, par la richesse de son enseignement et son implication dans la création contemporaine. Le dialogue permet de mettre en mots l’indicible du geste et de l’intuition artistique, pour mieux comprendre ce qui se joue entre l’interprète et le public, mais aussi les élèves qu’il forme et les créateurs qu’il rencontre.
Le premier volume, paru en 2019, était consacré au clarinettiste Alain Damiens (Lire, entendre, transmettre, Dialogue avec Anne Roubet).