The Turn of the Screw
Mis à jour le 12 mars 2021
L'Opéra en deux actes de Benjamin Britten, sera diffusé en direct le vendredi 12 mars 2021 à 19h30 sur notre site Internet et sur Facebook.
L’orchestre et les étudiants des classes de chant du Conservatoire de Paris donnent l’opéra de chambre The Turn of the Screw, composé en 1954 pour la Biennale de Venise par Britten.
« La cérémonie de l’innocence est noyée », chantent Miss Jessel et Peter Quinn, morts dans des conditions mystérieuses, et qui hantent maintenant le manoir où Flora et Miles sont envoyés avec leur nouvelle gouvernante. Fondé sur une nouvelle fantastique d’Henry James datant de la toute fin du XIXe siècle, l’opéra de Britten est dirigé par Alexander Briger, familier de ce répertoire (il a notamment dirigé en Australie, dont il est originaire, The Rape of Lucretia et A Midsummer Night’s Dream, dans une mise en scène de Baz Luhrmann), et que les Parisiens connaissent pour l’avoir apprécié dans les opéras de John Adams, Nixon in China et I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky au Théâtre du Châtelet.
Programme
BENJAMIN BRITTEN
The Turn of the Screw
Livret de Myfanwy Piper
Opéra en deux actes
Durée : 1h45 sans entracte
Distribution
Arnaud Merlin, présentateur
Alexander Briger, direction musicale
Antoine Petit-Dutaillis, chef assistant (étudiant du département écriture, composition et direction d’orchestre)
Brigitte Jaques-Wajeman, mise en scène
Raphaëlle Blin, assistante mise en scène (étudiante du département musicologie et analyse)
Grégoire Faucheux, scénographe
Nicolas Faucheux, créateur lumières
Pascale Robin, création costumes
Catherine Saint-Sever, création coiffures et maquillage
Etudiants du département des disciplines vocales :
Thomas Ricart - The Prologue, un narrateur
Clarisse Dalles - The Governess, la gouvernante
Lucie Peyramaure - Mrs. Grose, la femme de chambre
Parveen Savart - Miss Jessel, l’ancienne gouvernante
Léo Vermot Desroches - Peter Quint, l’ancien valet
Elèves du CRR de Paris :
Clélia Horvat et Bérénice Arru, Flora (en alternance)
Robinson Hallensleben et Emile Grizzo, Miles (en alternance)
Orchestre du Conservatoire de Paris (étudiants du département des disciplines classiques et contemporaines) :
Noemi Gasparini, Violon solo
Juyeon Park, Violon 2
Guillaume Flores, Alto
Fiona Robson, Violoncelle
Eilidh Saunière, Contrebasse
Aurélien Picard, Flûte, flûte alto et piccolo
Sidonie Millot, Hautbois et cor anglais
Mélanie Haas, Clarinette et clarinette basse
Camille Rocher, Basson
Pierre-Louis Dauenhauer, Cor
Arthur Bechet, Percussions et timbales
Odile Foulliaron, Harpe
Guillem Aubry, Piano et célesta
Chefs de chant (étudiants de la classe de direction de chant d’Erika Guiomar)
Guillem Aubry, Joseph Birnbaum, Adrienne Dubois, Juliette Journaux et Ayaka Uenomachi
Equipe pédagogique :
Gilles Oltz, chef du département des disciplines vocales
Pascal Bertin, chef du département des disciplines vocales par intérim
Morgane Fauchois-Prado, chargée des études musicales
Erika Guiomar, professeure direction de chant
Sophie Decaudaveine, professeure de diction lyrique anglaise
Clément Carpentier, chef du département des disciplines instrumentales classiques et contemporaines
Yannaël Pasquier, chef du département écriture, composition et direction d’orchestre
Florence Guignolet, responsable de la filière voix (CRR de Paris)
Coproduction Philharmonie de Paris, Conservatoire à rayonnement régional de Paris, Conservatoire de Paris.
Remerciements : Opéra de Paris (prêt d’accessoires) et Comédie Française (prêt de costumes et accessoires)
The Turn of the Screw, CNSMDP 2021 – journal de bord
Semaine du 8 février 2021 – S-4 avant la Première
Cette semaine, l’équipe du Tour d’écrou travaille pour la dernière fois en plateau 2, situé au niveau -1 du Conservatoire. Dès lundi prochain, les répétitions auront lieu dans la salle Rémy Pfimlin, qui accueillera les représentations et qui était occupée jusque-là par un spectacle de danse. Si l’équipe devra prendre ses marques sur le plateau d’opéra, le plateau 2 est de taille respectable, de largeur presque équivalente, ce qui facilitera la transposition de la mise en scène d’une salle à l’autre.
L’espace est un atout non négligeable en temps de covid car les mesures sanitaires ont un impact direct sur les choix artistiques, en particulier sur le jeu d’acteur : impossible pour deux personnages de se trouver à moins de deux mètres de distance s’ils chantent, à moins d’un mètre si c’est une scène de figuration. En outre, tout le monde porte un masque, y compris les chanteurs pour qui la tâche s’avère réellement compliquée, tant sur le plan de l’émission vocale, freinée malgré l’usage de masques adaptés en forme de coques rigides, que pour le travail théâtral qui nécessite de veiller plus particulièrement aux émotions et aux expressions du visage, désormais cachées. Les membres de l’équipe s’accommodent malgré tout de ces conditions car une seule personne malade pourrait mettre un terme à la production, ce qui serait une véritable catastrophe pour chacun d’entre eux dans le contexte actuel de culture à l’arrêt qui les empêche d’exercer leur art.
Le Tour d’écrou de Britten est une œuvre pour sept chanteurs solistes, dont deux enfants, ce qui a un impact très important sur la façon de travailler. Ainsi, pour des questions légales d’emploi des mineurs, et afin qu’ils ne manquent pas trop d’école, les enfants ne sont présents qu’aux répétitions des après-midis, et sont répartis en deux casts qui alternent un jour sur deux. De ce fait, les scènes qui ne nécessitent pas leur présence sont travaillées le matin, et les plannings sont organisés par groupes de deux jours, c’est-à-dire qu’il faut répéter les mêmes passages deux après-midi d’affilée afin que les quatre enfants solistes aient appris la même mise en scène. Par ailleurs, les personnages vivent des situations difficiles dans cette œuvre, notamment les enfants Miles et Flora dont on sous-entend qu’ils ont été maltraités, et il faut donc trouver les mots justes pour faire comprendre à leurs jeunes interprètes dans quel état d’esprit ils doivent se projeter.
Fort heureusement, ils sont entourés par une équipe nombreuse et bienveillante, à commencer par les chanteurs et chanteuses, étudiants du Conservatoire, qui leur donnent des conseils complices. L’équipe de répétition en plateau 2 comporte également la metteuse en scène qui donne les intentions théâtrales et coordonne les déplacements, et son assistante, elle aussi étudiante du Conservatoire, qui endosse tour à tour les rôles de conseillère musicale – « à ce moment, on entend le motif du spectre, ce qui veut dire qu’il est présent même s’il ne chante pas » –, de régisseuse lorsqu’il faut déplacer des accessoires ou encore d’organisatrice pour planifier les répétitions. Le bloc musical est composé du chef d’orchestre et de son assistant, également étudiant, ainsi que des pianistes répétiteurs qui accompagnent le tout. Le chef donne régulièrement des conseils aux chanteurs sur la partition, propose de revoir des passages ou de travailler la diction, et il faut en profiter car prochainement, l’orchestre rejoindra la production et il n’y aura plus de temps pour approfondir les détails !
Vocabulaire :
Plateau d’opéra = la scène sur laquelle ont lieu les représentations, qui comporte une grande partie visible, ainsi que des coulisses qui sont sous la responsabilité de l’équipe technique et où se trouvent des décors, accessoires et costumes. La taille du plateau est déterminée par sa largeur et sa profondeur.
Figuration = à l’opéra comme au cinéma, présence muette de personnages en scène.
Cast = abréviation de casting, correspond à la distribution. Souvent, quand il y a beaucoup de répétitions et de représentations, une production d’opéra comporte plusieurs casts qui alternent.
Semaine du 15 février 2021 – S-3 avant la Première en direct
Cette nouvelle semaine de répétitions constitue un tournant pour la production qui s’installe salle Rémy Pfimlin, celle des représentations.
Pour l’équipe artistique qui répétait quotidiennement en plateau 2 – chanteurs, metteuse en scène et son assistante, chef d’orchestre et son assistant, pianistes –, le premier enjeu consiste à s’approprier les nouveaux espaces. Il faut d’abord découvrir les décors : jusque-là, des praticables constituaient la jetée à cour, une grande structure en carton servait de fenêtre à jardin… Par ailleurs, le nouveau plateau est environ deux fois plus profond que le précédent, si bien que les temps de déplacements d’un point à l’autre sont à revoir. Forte de ces nouvelles perspectives, l’équipe peut fixer définitivement des idées qui étaient en suspens : pour arriver à temps et chanter « Tom the piper’s son » dans la scène de la Fenêtre, les enfants devront partir plus tôt ; la jetée peut être déplacée du lointain vers la face permettant à Miss Jessel d’apparaître derrière cet élément de décor. Ce grand plateau avec fosse d’orchestre ajoute des difficultés musicales, puisque les chanteurs ont plus de mal à voir le chef sans rompre le réalisme de leur jeu d’acteur. Pour y remédier en partie, deux caméras (les retours) sont dissimulées de part et d’autre de la scène, qui retransmettent ses gestes dans les angles les moins évidents.
Second grand bouleversement de la semaine : le renforcement de la collaboration entre l’équipe artistique de la production et l’équipe technique permanente qui travaille au plateau. Dans le Tour d’écrou plus que dans beaucoup d’autres opéras, les enchainements scéniques exigent beaucoup de précision. En effet, l’œuvre est constituée de seize scènes séparées par autant d’interludes orchestraux, qui se situent chacune dans un lieu et à un moment différents, si bien que la mise doit être sans cesse refaite. C’est pourquoi l’équipe technique a un rôle central dans cette production : en plus de l’exigeant travail de préparation des accessoires, des appuis ou charges des décors dans les cintres, elle doit ici retenir une chorégraphie afin que les changements de plateau, qui se font à la vue des spectateurs, soient harmonieux. Des filages consacrés à la technique sont par conséquent programmés chaque matin avant l’arrivée des chanteurs.
Enfin, l’équipe de répétition est rejointe par le scénographe, qui a imaginé en amont les décors et les accessoires, l’éclairagiste qui conçoit les lumières, et le topeur qui coordonne la quinzaine de personnes qui œuvre dans l’ombre sur la production. La costumière, la maquilleuse, la chargée des études musicales et la répétitrice d’anglais assistent également aux répétitions pour prodiguer des conseils sur les temps de pause. La chargée de production est là pour les questions d’organisation. Tous ces professionnels contribuent par leurs spécialités respectives au perfectionnement du travail, et ce par un long processus d’échanges verbaux. Cette temporalité de répétitions sur plusieurs mois est très physique, particulièrement pour les chanteurs qui doivent retenir la musique par cœur, prononcer parfaitement l’anglais, intérioriser la psychologie de leur personnage ou encore mémoriser leurs déplacements sur scène. Ils sont donc amenés à marquer, c’est-à-dire à chanter à mi-voix ou dans un registre plus grave, afin de préserver leur instrument pour les représentations.
Cette semaine décisive offre les derniers temps de maturation de l’œuvre avant la générale piano du mercredi 24 février et les filages scène-orchestre qui suivront.
Vocabulaire
Jardin, cour, lointain, face = pour les spectateurs, la partie jardin est à gauche de la scène et la partie cour à droite ; dans la production CNSMDP du Tour d’écrou, la fenêtre est à jardin et la jetée à cour. Le lointain constitue pour les spectateurs l’arrière-plan de la scène, tandis que la face est la partie opposée, au bord de la fosse.
Mise = la somme des accessoires et décors qui jouent pour une scène, c’est-à-dire dont on aura l’utilité et qui doivent être disposés en amont de la répétition ou de la représentation.
Appuyer, charger = lorsqu’on appuie un élément de décor, on le monte au-dessus de la scène par un système de cintres électrifiés. Pour le descendre sur scène, on dit qu’on le charge.
Topeur = relié à l’équipe par un système d’intercommunication (casques et micros), il donne les tops, les signaux, pour toutes les actions techniques du spectacle, qu’il a soigneusement notées sur sa partition : effet de lumière, changement de plateau, entrée de chanteurs… Pendant les représentations, le topeur travaille depuis la cabine de régie car il doit parler à haute voix.
Semaine du 22 février 2021 – S-2 avant la Première
La semaine du 22 février est particulièrement chargée pour la production du Tour d’écrou, avec trois temps clefs.
Lundi et mardi ont lieu les deux dernières journées de répétitions avant la générale piano du mercredi. Pour l’équipe technique, il s’agit de poursuivre ses propres filages du matin afin de rôder les innombrables gestes exigés par cet opéra. Le dispositif de travail est le suivant : l’assistante de mise en scène a prévu un enregistrement de l’œuvre et figure sur le plateau les chanteurs, qui ne sont pas convoqués pour cette partie de la répétition. L’équipe artistique en salle communique avec l’équipe technique en coulisses et travaille les différentes scènes. Par la répétition, il faut que le tempo des changements coïncide avec celui de la musique, et l’assistante note qu’il faudra demander au chef d’orchestre de rallonger ou au contraire raccourcir certains points d’orgue : la mise en scène est indissociable de la musique. Par ailleurs, des questions se posent encore concernant les accessoires : faut-il pré-plier la feuille dont se servira l’interprète de la Gouvernante pour écrire la lettre dans le deuxième acte ? Cela lui faciliterait la tâche mais nuirait au réalisme. A quoi doit ressembler l’enveloppe pour être harmonieuse avec le reste de la scénographie ?
Les chanteurs doivent quant-à-eux profiter de ces répétitions scéniques avec piano pour continuer à mémoriser la mise en scène, à creuser la psychologie des personnages et à perfectionner leurs parties chantées. Pour ce faire, ils sont accompagnés par la metteuse en scène et son assistante, ainsi que la chargée des études musicales et la professeure de diction lyrique anglaise, qui continuent à observer très attentivement l’intégralité des répétitions et prodiguent leurs conseils.
L’assistant du chef d’orchestre a une grande latitude pour diriger ces séances car le chef répète au même moment avec les musiciens de l’orchestre, qui procèdent à leurs premières lectures ensemble. Le planning des instrumentistes est très différent du reste des équipes car s’ils préparent leurs partitions en amont, ils ne rejoignent la production que lorsque ce qui a lieu sur scène est déjà bien réglé.
Mercredi a lieu la générale avec piano. C’est la première fois que l’œuvre est réellement filée d’un bout à l’autre sans interruption. Deux semaines avant la première, cela laisse le temps de pallier d’éventuels problèmes. Par conséquent, le filage se déroule costumé, maquillé et coiffé. Le planning de maquillage est chargé puisqu’il faut préparer neuf chanteurs à raison d’une demi-heure chacun environ. La maquilleuse commence donc son travail avant midi, et il faudra procéder à des retouches juste avant le début de la générale, voire entre les scènes ! Cela concerne particulièrement les deux spectres, Peter Quint et Miss Jessel, qui sont recouverts d’une peinture corporelle blanche, et qui changent souvent de costume : on ne peut par exemple pas blanchir le torse de Quint avant qu’il n’ouvre son gilet, sans quoi le maquillage aurait coulé. La maquilleuse et la costumière vérifient ensuite en salle que la synthèse des lumières de l’éclairage et des couleurs dont elles ont habillé les chanteurs ne font pas mauvais ménage. La peinture blanche des spectres pourrait se teinter de vert ou de bleu, atténuant de fait le caractère fantomatique qui est recherché… Ainsi, les couleurs ont une symbolique très importante dans le spectacle : les costumes clairs des enfants et de la Gouvernante évoquent l’été et les parties champêtres ; la robe sombre de Mrs Grose connote le demi-deuil ; les tons noirs et verts des vêtements des spectres font référence à l’arsenic, au marécage, à la putréfaction – on dit d’ailleurs que le vert porte malheur au théâtre.
La générale a lieu sans masques. Malgré la tension engendrée, il est indispensable que les chanteurs puissent commencer à travailler l’expressivité de leur visage et la projection de leur voix à deux semaines de la première retransmise en direct. Toutes les précautions sont prises pour que le filage se déroule pour le mieux : les chanteurs sont testés et le port d’un masque FFP2 est obligatoire en salle.
Enfin, la semaine se poursuit jeudi et vendredi à un rythme effréné puisqu’ont lieu les italiennes : l’orchestre et les chanteurs se rencontrent pour la première fois pour répéter la partie musicale uniquement, sous l’entière responsabilité du chef car l’équipe scénique est de repos. Les instrumentistes peaufinent leur interprétation car ils n’ont finalement eu que quatre services jusqu’à présent. Pour les chanteurs, c’est l’occasion de revoir leurs parties en se concentrant uniquement sur la musique, de pouvoir regarder le chef en permanence, de s’habituer au volume sonore plus conséquent et de repérer leurs entrées par rapport à l’orchestration, puisqu’ils ont longtemps répété avec piano.
Vocabulaire :
Point d’orgue = un point d’orgue est un symbole musical indiquant à l’interprète qu’il doit s’arrêter sur une note autant que bon lui semble. Lorsque le point d’orgue surplombe un silence, on parle de point d’arrêt.
Chargée des études musicales = elle s’occupe de faire apprendre aux chanteurs leurs rôles en amont des premières répétitions, puis sert de lien entre le chef et eux pour toute la durée de la production. Sa tâche se décline en plusieurs volets. Pour que les notes, les rythmes et le texte soient en place, elle fait travailler l’œuvre en jouant au piano la partie d’orchestre et les répliques des partenaires pendant les séances individuelles ; elle est la première à expliquer aux chanteurs l’état d’esprit de leur personnage, avant que la metteuse en scène n’apporte sa lecture personnelle.
Filage = enchaînement d’une pièce ou d’un passage sans s’arrêter.
Italienne = répétition musicale uniquement, souvent la première rencontre entre les chanteurs et l’orchestre d’une production
Semaines du 1er et du 8 mars 2021 – dernière ligne droite avant la Première
Les derniers jours de répétition avant la représentation retransmise en direct le 12 mars sont assez particuliers : il ne s’agit plus que de filages. Chacun, sur scène, dans la fosse ou en coulisses maîtrise les tâches qui lui incombent, et il faut à présent rôder les scènes encore et encore, afin que chaque action devienne automatique et aisée. Le moindre mouvement est calibré au millimètre, jusqu’à la façon dont l’interprète de Miles doit positionner sa tête lorsqu’il s’effondre dans le finale afin que la Gouvernante puisse s’installer convenablement. Tout ceci est particulièrement exigeant pour les chanteurs qui doivent donner beaucoup d’énergie afin de rester spontanés malgré la récurrence. Parfois, deux filages ont lieu un même après-midi afin que chaque cast d’enfant ait le sien, ce qui demande à toute l’équipe de redoubler de concentration. Le planning ayant été aménagé en raison de l’annulation des représentations avec public dans la salle, certaines séances comme la répétition avec scolaires ont été transformées en filages, permettant ainsi de sécuriser l’unique représentation au maximum.
Cependant, il ne s’agit pas de répéter exactement les mêmes gestes indéfiniment, et l’œuvre se construit et évolue jusqu’au bout. La manière dont l’interprétation générale s’enrichit de significations d’une fois sur l’autre est impressionnante ! Cette progression spectaculaire est possible notamment grâce au système des notes. Après chaque filage, tous les acteurs de la production s’adressent aux chanteurs et leur transmettent leurs observations, les notes qu’ils ont prises : la metteuse en scène et son assistante peuvent ainsi revoir des placements ou des intentions dans le jeu d’acteur, le chef d’orchestre, la chargée des études musicales et la professeure de diction lyrique apportent des précisions en ce qui concerne la partie musicale… L’équipe technique aussi peut recevoir des notes de la part de la metteuse en scène ou du scénographe lorsqu’un dysfonctionnement s’est produit.
Certains filages sont un peu plus solennels que d’autres : la pré-générale et la générale. La pré-générale du samedi 6 mars ressemble presque à une pré-générale ordinaire. Les musiciens chauffent leur instrument dans la fosse, les chanteurs en coulisses. Avant que le filage ne commence, l’intégralité de l’équipe – technique, artistique, musicale – est sur le pont mais à la différence des pré-générales ouvertes au public lorsque cela était encore autorisé, dans lesquelles on essaie de se rapprocher le plus possible de l’ambiance du concert, des techniciens et chanteurs évoluent à vue dans la salle, créant un sentiment d’intimité et de proximité très appréciable avec le public réduit d’étudiants et de professeurs venu y assister. Hormis cela, la pré-générale a lieu dans les conditions de la représentation avec costumes, maquillages et surtitres pour la traduction du livret. A peine le filage et les applaudissements terminés vient le moment des notes.
Toï-toï à toutes et à tous pour la représentation !
Clara Muller, étudiante de la classe des Métiers de la culture musicale