L’écologie et vous
Mis à jour le 04 octobre 2023
En complément du retour sur expérience de Marion Vergez-Pascal, nous avons rencontré des étudiant·es, professeur·es et agent·es du Conservatoire pour leur poser cette question : « Et vous, où en êtes-vous avec l’écologie ? »
LISA GALLAIS,
SERVICE APPRENTISSAGE DE LA SCÈNE
Je me sens pleinement concernée de par mon enfance en milieu rural et le fait que je vois cet environnement changer. L’éco-anxiété me touche aussi depuis longtemps et le sujet m’anime toutes les semaines. Dans notre métier et au sein du Conservatoire, nous pouvons vraiment améliorer nos pratiques. Cette année, on a monté une tournée la plus écologique possible, sans que les étudiant·es prennent l’avion, donc en empruntant bateau et train sur les tournées en Europe. Des choses que l’on pourrait pérenniser. Le Conservatoire est une grande institution et pourrait donc diffuser ses bonnes pratiques à ses partenaires. La production nécessite beaucoup d’énergie pour faire voyager les artistes, ce qui induit un fort impact carbone qui se mesure et peut être travaillé. À notre échelle, il y a beaucoup de choses à faire encore.
M-M.C, N.C, C.G, A.Q,
MÉDIATHÈQUE
La médiathèque a notamment travaillé sur l’économie de la lumière, mais aussi sur l’électricité de manière générale, avec notamment une utilisation parcimonieuse de l’ascenseur. Elle a mis en place une collecte de papier pour le recycler. Mais il y aurait des économies à faire. On pourrait aussi recycler les cartons dont la médiathèque est grosse utilisatrice. Les tablettes sont-elles plus écologiques que la partition papier ? Il semblerait que non. En même temps, on gagne vraiment en termes d’encombrement. Quand les partitions seront imprimées sur du papier recyclé, cela changera également la donne.
ORIANE,
ÉTUDIANTE EN MUSICOLOGIE
De plus en plus d’orchestres ont conscience de l’impact de leurs déplacements sur l’écologie. On peut imaginer, à l’opéra, réutiliser des décors pour limiter l’impact carbone de la production. Est-ce que les musiques traditionnelles, qui sont souvent des musiques de plein air, sont plus proches de la nature ? Aujourd’hui des ensembles comme l’Itinéraire se déplacent dans la nature, dans la forêt. Des musiques intègrent les bruits de la nature, par exemple les craquements d’un glacier, les « pas » des fourmis. Certains compositeurs, comme Messiaen, ont pris conscience du fait que la musique n’est pas qu’humaine. Son travail de transcription pourrait se prolonger aujourd’hui en enregistrant par exemple des espèces en voie d’extinction. Un moyen de mettre en exergue des phénomènes de dégradation de notre environnement.
CHRIS MURRAY,
PROFESSEUR D’ANALYSE
Depuis mon plus jeune âge, je me sens concerné par le monde dans lequel on vit. Je voyais par exemple des lotissements fleurir autour de la maison de mes parents. Aujourd’hui c’est en jardinant qu’on se rend compte à quel point la température change et l’eau devient rare, sans parler de la consommation de plastique. C’est compliqué. On croit que dématérialiser consomme moins de papier mais il faudrait voir sur le long terme ce qui est pire : imprimer ou stocker sur informatique ? Ce sont les grandes entreprises qui sont les plus responsables mais un bilan carbone ou plastique du Conservatoire serait intéressant. Une révolution reste à faire au niveau de la société.
LAURIANE,
ÉTUDIANTE CLARINETTISTE
Au festival Nuit des forêts (Fontainebleau) j’ai eu la chance de pouvoir voir une performance de deux danseurs dans un rapport très humble de simple humain vis-à-vis de la forêt. L’idée de ralentir, s’adapter au temps des arbres et à leur rythme, de s’adapter au temps des humains, en prenant le rythme d’un corps me touche. J’aime l’idée de ne pas s’effacer, de marquer cette présence humaine dans la représentation artistique, que l’on peut voir comme laborieuse, lourde, usante, décalée, excessive. Malgré ces sentiments d’impuissance et de grande préoccupation, j’aime cette idée de pouvoir exprimer à travers l’art le désir et l’imaginaire d’un autre état, une réflexion sur ce qui vit – un autre regard. Je crois qu’il est nécessaire.
CHRISTINE BOMBAL,
RESPONSABLE DU 2ND CYCLE DE DANSE
L’écologie, cela fait un bon moment qu’elle me préoccupe à titre personnel ! Y faire attention au niveau professionnel, c’est vraiment une démarche, et ce n’est pas évident. Dans le bureau, il y a des télescopages : sur le plan des déplacements par exemple, j’ai choisi de ne prendre l’avion qu’une seule fois cette année, et de partager ma présence sur les projets lointains avec le chef de département. Je ne suis pas allée à Taïwan, mais seulement en Martinique. Cela me pose des questions sur l’avenir, les échanges internationaux, comment les faire de façon intelligente. Peut-on continuer à se déplacer pour une seule date ? Il s’agit de chercher des alternatives avec les trains et les transports en commun, en oubliant le taxi. Il y a aussi le tri, la question du chauffage, le refus de la climatisation, l’utilisation des lampes froides, etc. Je voudrais être plus économe en mails et en « répondre à tous », utiliser mieux les logiciels de communication agiles avec partage. Mais cela demande du temps. Par ailleurs, le bâtiment du Conservatoire est très minéral et on pourrait envisager de le végétaliser un peu plus.
Témoignages rassemblés par Lucie Kayas