Hier, aujourd'hui et demain : introspection de la place de l’économie circulaire au sein du CNSMDP
Mis à jour le 24 juin 2024
L'économie circulaire, un concept visant à réduire les déchets et à maximiser la réutilisation des ressources, prend de plus en plus d'importance dans notre société. Au Conservatoire de Paris, nous avons commencé à nous interroger sur notre propre rôle et nos pratiques en la matière. Ce rapport, élaboré par Léa Nguyen durant son stage au CNSMDP, explore notre parcours passé, notre situation actuelle et les défis futurs liés à l'intégration de l'économie circulaire. En retraçant cette évolution, nous espérons non seulement vous informer mais aussi inspirer des actions concrètes pour un avenir plus durable au sein de notre établissement.
Hier
Le concept de développement durable est né dans les années 70, à la suite des crises pétrolières et la prise de conscience que les ressources naturelles ne sont pas illimitées. Face à ce constat, ce concept s’est peu à peu diffusé avec comme objectif de « répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre les générations futures à répondre aux leurs » (rapport de Brundtland, 1987).
Le bâtiment du Conservatoire de Paris que l’on connaît aujourd'hui a été construit en 1990. À cette période, les considérations environnementales ne sont pas encore un sujet de préoccupation majeur, comme le montre le miroir en eau devant la façade de l’établissement qui pouvait consommer jusqu’à 40 000 litres par jour.
La réutilisation, le réemploi, la réparation et le recyclage ne faisaient pas partie du paysage habituel. De nombreux équipements audiovisuels et informatiques ont été stockés dans l’attente d’être détruits.
La réparation des instruments, en dehors des quatuor, n’était pas envisagée.
Le mobilier et les partitions, encore utilisables, étaient jetés.
Il n’y avait pas de notion de durabilité dans les achats, pas de papier recyclé, pas de label de gestion durable des forêts, pas de recyclage et de tri en fonction des matières…
Aujourd'hui
Les années ont passé depuis la construction du Conservatoire moderne, et aujourd'hui les choses commencent à changer.
Lorsque hier, la construction même du bâtiment ne se préoccupait pas des aspects environnementaux, aujourd'hui, des questionnements et des changements émergent.
Si les actions individuelles ont un impact assez limité, elles peuvent néanmoins entraîner des conséquences plus profondes en poussant à questionner et repenser les méthodes actuelles.
Aujourd’hui, des initiatives voient le jour chez les personnes qui composent les directions, départements et services, chez les étudiants, chez les enseignants… Ce sont ces initiatives, des actions souvent individuelles, qui ont mené aux questionnements suivants :
- Comment allier la réparation d’instruments, autres que ceux du quatuor, à l’exigence de qualité du son pour proposer le meilleur service aux étudiants et aux enseignants ?
- Quelles sont les alternatives à la destruction d’un matériel qui peut encore servir, en dehors du recyclage ?
- Dans un système de course à la technologie, comment envisager la réduction et la sobriété tout en restant un établissement d’excellence ?
- Qu’est ce qui peut être fait pour mieux prendre en compte les enjeux environnementaux au sein du Conservatoire ?
- Quel est le rôle du Conservatoire, en tant qu’établissement d'enseignement supérieur, dans la formation de ses étudiants, futurs artistes internationaux mais aussi futurs citoyens et citoyennes ?
- Y a-t-il un rôle et un intérêt pédagogique à intégrer les considérations environnementales ? Comment être pertinent face aux enjeux de chaque service et aux besoins des étudiants ?
Des limites se posent néanmoins dans la mise en place d’une économie plus circulaire au sein du Conservatoire : le prix des réparations, le manque de temps face aux nombreuses missions, le manque de réelles solutions disponibles…
Demain
De nombreux défis se posent quand il s’agit de mettre en place des actions en faveur de la transition écologique. La mobilisation de chacun, les valeurs que l’établissement souhaite porter, le levier économique et les limites techniques de chaque service.
Le Conservatoire est un lieu qui peut montrer que la culture et l'écologie ne sont pas deux mondes à séparer, mais qu’ils sont bien sources d’innovation réciproques.
Des actions ont d’ores et déjà été mises en œuvre, les directions, départements et services étant sensibles et ouverts aux changements. L’on constate une réelle volonté de la part des acteurs et actrices de l’établissement de répondre aux enjeux de la transition écologique.
Différentes démarches ont été entreprises pour favoriser les actions de réparation, de réutilisation ou encore de recyclage, toujours en toujours en tenant compte des limites économiques, de temps et de fonctionnement.
Un état des lieux a aussi été réalisé pour permettre à l’établissement de réaliser une introspection de ses actions.
Parmi les actions les plus notables, il y a par exemple les opérations de dons réalisées par la médiathèque. Le SAPAL, le service audiovisuel et le service informatique ont aussi collaboré pour donner du mobilier et du matériel à des associations.
Le parc instrumental s’est engagé dans une démarche de réparation, pour espérer à l’avenir pouvoir allonger la durée de vie des pianos et des marimba (en plus de l’entretien quotidien réalisé).
Le matériel audiovisuel est mutualisé avec la Philharmonie de Paris lorsqu’il y a un besoin. Le SAPAL souhaite faciliter et renforcer ces actions à l’avenir, en collaborant avec d’autres acteurs du site de la Villette.
Il y a également une préoccupation de certains étudiants et enseignants : des mémoires, des projets, des séminaires sur cette thématique ont notamment été réalisés.
A l’avenir, pour que l’économie circulaire puisse être mise en place au mieux au sein du Conservatoire de Paris, il faudrait faire des opérations de dons, de vente, de réutilisation et de réemploi un réflexe au sein de l’établissement
En gardant à l’esprit que l’objectif initial est de réduire la demande de nouvelles ressources, le Conservatoire peut s'interroger sur ses achats : comment faire des achats durables, choisir du matériel qui dure dans le temps, prendre en compte l’indice de réparabilité…
Encourager la discussion sur le sujet, ouvrir la voie aux changements, prendre en compte les enjeux et éventuellement fixer des objectifs peuvent contribuer à réaliser l’un des objectifs du Conservatoire : former des « citoyenˑnes accompliˑes, capables d’agir et de donner du sens à leur action dans une société en évolution ».