Former, transmettre, professionnaliser : focus sur l’Orchestre des lauréats du Conservatoire

Héritier de l’Orchestre des Prix, l’Orchestre des lauréats du Conservatoire (OLC) est une formation unique en son genre, mêlant excellence musicale et mission pédagogique. Les lauréats des écoles supérieures qui le constituent viennent prendre part au dispositif pédagogique de haut niveau qui les aura auparavant formés.

Comment fonctionne cet orchestre si particulier ? Quelles sont ses ambitions et ses défis ? Alexandre Piquion, conseiller musical, Bénédicte Affholder-Tchamitchian, cheffe du service production et apprentissage de la scène et Clémence Genier, administratrice de l’OLC, nous éclairent sur le rôle central de cet orchestre dans la formation des musicienˑnes et son impact sur leur insertion professionnelle.

Identité et missions

Comment définiriez-vous l’Orchestre des lauréats du Conservatoire ?

L'OLC est un orchestre atelier symphonique professionnel, fondé et porté par le CNSMDP, ce qui en fait une formation unique à l'échelle internationale. Il est à la fois une pièce maîtresse du dispositif pédagogique du Conservatoire et un outil d’insertion professionnelle. Placé au cœur du processus pédagogique qu’il sert, l’OLC est aujourd’hui un rouage essentiel sur lequel de nombreux enseignements du CNSMDP prennent appui. Il permet également aux musicienˑnes de poursuivre et perfectionner leur pratique orchestrale après leurs études.

Quelle est sa mission principale ?

L’orchestre a pour mission première, et quasi exclusive, de servir le geste pédagogique d'un grand nombre de disciplines enseignées au sein de l’établissement : direction d'orchestre, formation aux métiers du son et de l’image, composition, pratique soliste, orchestration, écriture, musique à l’image… 
L’éventail de ses prestations répond aux besoins des enseignements, à leurs nécessités, tant sur le plan des répertoires que sur celui des effectifs instrumentaux déployés. Ainsi, l'identité de l'orchestre repose davantage sur une pluralité de savoir-faire que sur une liste d'œuvres ou une spécialité historique. Chaque saison de l’OLC est construite en fonction des besoins pédagogiques de ses usagers, ce qui constitue une des grandes originalités de sa position.

Quels sont les liens entre l’OLC et l’enseignement au Conservatoire ?

En intégrant l’OLC, les musicienˑnes deviennent pour un an partie prenante du dispositif pédagogique du CNSMDP, aux côtés des professeurˑes et chefˑfes invitéˑes dont ils et elles sont alors les partenaires.
C’est une responsabilité importante, qui demande beaucoup de souplesse et de réactivité car les exercices sont très variés et les sessions de l’OLC s’enchaînent souvent les unes après les autres. Là aussi, c’est le calendrier pédagogique qui impose son rythme à chaque saison. L’orchestre doit être à la fois fiable et flexible, solide et malléable. Il constitue en ce sens le lieu d’une expérience totalement inédite pour ses membres.
Compte tenu de ces particularités, les musicienˑnes doivent concilier des exigences artistiques et professionnelles de haut niveau tout en répondant aux besoins pédagogiques d’un établissement d’enseignement supérieur.

Insertion professionnelle

Quel rôle joue-t-il dans l’insertion professionnelle des musicien·nes ?

En portant un tel orchestre, le CNSMDP offre aux membres de l’OLC une occasion de faire leurs premières armes professionnelles. Il leur permet d’aborder une grande diversité de répertoires tout en leur offrant l’opportunité de rencontrer et de travailler sous la direction de chefˑfes d’orchestres aux styles de direction musicale variés. Être au service de la pédagogie leur apprend également à aborder leur rôle d’interprète sous différents angles (enjeux de création pour unˑe compositeurˑrice, d’apprentissage de la direction d’orchestre, etc.). Cette expérience leur permet également de mieux comprendre les rouages de la vie d’un orchestre et de la production, y compris sur le plan social, car la vie d’orchestre repose également sur un dialogue social permanent, assuré par des représentantˑes éluˑes chaque année, relation indispensable à tout orchestre.

En quoi l’OLC est-il un outil de professionnalisation pour les étudiant·es ?

La présence d’un orchestre professionnel au sein d’un établissement d’enseignement supérieur offre une opportunité unique : celle de mettre en perspective les enseignements dispensés au sein d’un cursus, dont l’application professionnelle peut être observée directement sur place en assistant simplement au travail de l’orchestre. Ainsi, par sa seule présence, l’OLC constitue une ressource pédagogique pour tous ses observateurs.
Cela permet par exemple aux étudiantˑes des disciplines instrumentales de voir une continuité directe avec leur cursus, notamment lors de leur apprentissage du métier de musicien·ne d’orchestre à travers les sessions d’orchestre qu’ils et elles effectuent avec l’Orchestre du Conservatoire.

Fonctionnement de l’OLC

Pouvez-vous nous présenter l’équipe ?

La saison de l’OLC est planifiée et mise en œuvre par le service production et apprentissage de la scène (SPAS) en concertation avec les professeurˑes et départements concernés. Aux côtés du parc instrumental, de la régie des salles publiques et de la bibliothèque des orchestres, une équipe complète (production, administration et technique) lui est dédiée.
Accompagné et observé par de nombreux départements du Conservatoire, l’Orchestre bénéficie de leur expertise.

Comment sont recrutéˑes les musicien·nes de l’OLC ?

Chaque année, des auditions de recrutement sont organisées au printemps. Les musicienˑnes diplôméˑes d’un master délivré par un établissement d'enseignement supérieur artistique, comme les CNSMD de Paris et de Lyon ou d’un établissement étranger équivalent, peuvent s’y présenter pour intégrer l’OLC pour une année, renouvelable une fois.

À quoi donne accès le fait d’être titulaire de l’OLC ?

En tant que musicienˑnes salariéˑes du Conservatoire, ils et elles sont intégréˑes au personnel du CNSMDP. À ce titre, ils et elles accèdent aux services de l’établissement : la cantine, les studios de travail, la Médiathèque Hector Berlioz et le parking à vélo.

Visibilité et impact

En quoi l’OLC est-il un ambassadeur du Conservatoire ?

Les nombreuses apparitions publiques de l’OLC font partie intégrante de la saison du Conservatoire. Ces concerts permettent de mettre en lumière le savoir-faire pédagogique et artistique enseigné au Conservatoire, offrant ainsi une vitrine prestigieuse de ses compétences.
L’OLC démontre le haut niveau de formation et d’expertise que le Conservatoire offre à ses étudiantˑes. Cela contribue à la reconnaissance du Conservatoire en tant qu’établissement de premier plan dans le domaine de l’enseignement artistique.

L’OLC a-t-il des projets emblématiques ou des collaborations marquantes ?

L’OLC collabore régulièrement avec des institutions majeures telles que la Philharmonie de Paris, le Théâtre du Châtelet et l’École de Danse de l’Opéra national de Paris. Ces partenariats viennent enrichir la saison de l’Orchestre de projets spécifiques qui mettent en valeur ses qualités, renforcent la réputation du Conservatoire et démontrent son engagement dans le paysage culturel et artistique.

Évolution et perspectives

Nous ne pouvons pas terminer cet entretien sans aborder les enjeux futurs. Depuis sa création il y a plus de 20 ans, l’OLC a constamment évolué pour répondre aux besoins pédagogiques et artistiques toujours plus pointus. Il est devenu un outil indispensable, un rouage pédagogique essentiel pour les apprentissages et l’insertion professionnelle.
Le CNSMDP est fier de soutenir un tel dispositif, qui représente un engagement fort et permanent, d’autant plus crucial compte tenu de la fragilité actuelle du monde culturel. Il serait impossible de maintenir ce soutien sans l’appui constant des tutelles et l’implication des mécènes.