D440, un festival de musique classique et de médiation : entretien avec Maxime Combes
Mis à jour le 18 juillet 2024
Le festival D440, cofondé par Maxime Combes et Blanche Ballesta, étudiantˑes au Conservatoire, est un événement de musique classique et de médiation en milieu rural. Il vise à rendre la musique classique accessible à toutes et tous grâce à des concerts gratuits et des programmes sur mesure. Ce festival se distingue par son approche pédagogique et immersive, permettant au public de découvrir la musique classique dans des contextes locaux et informels. Une initiative qui met l'accent sur la qualité des performances tout en favorisant les échanges entre artistes et spectateurˑrices, ouvrant ainsi de nouveaux horizons culturels dans des régions éloignées.
Nous avons rencontré Maxime Combes, étudiant en troisième année d’alto dans la classe de Françoise Gnéri, également Président du BDE et représentant au BRE, afin qu’il nous éclaire sur cette initiative impliquant de nombreuxˑses étudiantˑes du CNSMDP.
Qu’est-ce qui vous a inspiré la création de ce festival ?
Maxime Combes : Un ami rencontré lors d’un stage, parti vivre en Aveyron, nous a invités à y jouer des concerts pour les habitants locaux. Voir l’émotion suscitée chez les gens, parfois peu familiers avec la musique classique, a été le déclencheur. Cette expérience a inspiré Blanche et elle m’a proposé de lancer ce projet l’année suivante. Blanche a joué un rôle primordial dans la création du festival, particulièrement sur le plan artistique. Ayant donné des concerts en famille dans cette région, elle a grandement contribué à lancer cette initiative, ancrant le projet dans une dynamique locale.
Blanche est responsable de la programmation et de la constitution de l’équipe de musicienˑnes et de mon côté, j’ai la charge de la production, de la mise en place et des aspects techniques.
Quel a été l’objectif principal ?
MC : Nous voulions rendre la musique classique accessible à toutes et tous. Les concerts sont gratuits, rémunérés au chapeau, et nous valorisons la culture en rémunérant nos artistes. Notre objectif était de monter une structure capable de proposer des concerts de qualité comparable à ceux des grandes salles, directement dans les villages. Les programmes sont simplifiés, thématiques, et expliqués par les musicienˑnes et des conférenciers. A travers ce festival, nous avons souhaité désacraliser la musique classique, la rendre accessible et créer un moment d’échange unique avec le public.
Quel rôle peut jouer la musique classique dans un contexte rural ?
MC : L’art, et particulièrement la musique classique, a un impact enrichissant. Il permet de nourrir l’esprit et d’ouvrir de nouveaux horizons. En milieu rural, l’enjeu est de donner aux habitantˑes l’opportunité de découvrir des choses auxquelles ils n’ont pas toujours facilement accès. La musique classique peut redonner du sens et pousser les gens à s’intéresser davantage à cette branche artistique, vitale selon moi.
Comment choisissez-vous les programmes musicaux ?
MC : Blanche dirige notre programmation artistique autour de thèmes correspondant à des lieux et des ambiances. Par exemple, l’année dernière, nous avons créé un programme autour de la nuit avec des concerts en soirée et dans des lieux sombres. Les œuvres sont sélectionnées et regroupées pour offrir une expérience dynamique, avec des morceaux courts et des explications, chaque concert ne dépassant pas 1h15. Nous souhaitons que le public puisse facilement s’immerger dans le thème.
Quels sont les musicienˑnes qui participent à ce festival ?
MC : Il s’agit initialement d’un groupe d’amiˑes qui s’est progressivement élargi. Nous sommes essentiellement des musiciens et musiciennes du Conservatoire de Paris : parmi les 36 artistes du festival, seulement deux ne sont pas issuˑes du CNSMDP. Nous avons également des étudiantˑes en écriture, en composition, ou encore en médiation, comme Elisa Constable, doctorante ici. Notre programmation inclut des formations variées, avec une grande diversité d’instruments : cordes, cuivres, vents, etc.
Le festival offre-t-il d’autres opportunités aux étudiantˑes ?
MC : L’atout principal de ce projet, est qu’il permet aux étudiants et étudiantes de passer 15 jours ensemble sur le territoire. C’est un aspect important : notre équipe dynamique, composée de jeunes artistes, a été très bien accueillie l’année dernière par l’énergie qu’elle a su insuffler à l’évènement. Nous formons une troupe, sans aspect hiérarchique, souhaitant simplement partager notre passion, ressentir l’émotion de la musique et redonner du sens à notre art. Cette approche a, selon moi, séduit de nombreux musicienˑnes.
Quelles initiatives de médiation ont été les plus réussies ?
MC : Bien que nous n’ayons qu’une seule année de recul, les partenariats avec les centres de loisirs et les EHPAD ont été fructueux. Nous avons organisé des ateliers, échangé avec les résidentˑes et les enfants, et certains ont même commencé à s’intéresser réellement à la musique. Ces retours, suscitant des vocations ou une simple curiosité, sont pour nous les plus gratifiants !
Comment votre formation au Conservatoire vous a-t-elle préparé à organiser un festival et à jouer un rôle de médiateur ?
MC : J’ai suivi le parcours du DE, qui m’a apporté des compétences concrètes en médiation, complétant mon expérience personnelle. Le Conservatoire nous a également enseigné les codes et le professionnalisme nécessaires pour monter rapidement des œuvres. Des cursus spécialisés, comme celui d’Elisa Constable qui fait nos ateliers, nous apportent des compétences supplémentaires extrêmement enrichissantes. La diversité des profils, issus des différents départements et cursus, ainsi que le haut niveau des étudiants et étudiantes du Conservatoire, ont permis de structurer ce festival et d’en faire un évènement unique en son genre.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant souhaitant créer un festival ?
MC : Il faut s’accrocher ! C’est un travail exigeant qui nécessite de beaucoup se documenter et de mettre en place une bonne structuration. Il est essentiel de s’entourer d’une équipe polyvalente pour gérer les nombreux aspects (répétitions, programmes, budget, etc). Mais je dirais que le plus important est d’être capable de défendre un projet solide, de prendre le temps de bien faire les choses et surtout, de ne pas se lancer seul.
Avez-vous un mantra personnel ?
MC : « Tout seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin. » L’année dernière, avec une équipe réduite, il y avait tant à faire… J’ai réalisé qu’il m’était impossible de tout faire seul. Cette année, nous avons mis l’accent sur la cohésion de l’équipe, développant ainsi un projet sain et stable, avec un volume de travail accessible pour chacun et chacune.
Festival D440
Du 21 juillet au 2 août 2024
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