L'Orchestre à vent du Conservatoire sous la direction d'Alexandre Piquion

En Europe, dès la fin du XIXe siècle, alors que les harmonies fleurissent dans les municipalités, les usines, les mines, les écoles, le répertoire urbain traverse l’étanchéité des couches sociales, voyage à dos de transcriptions des salles de concerts vers les marchés, salles des fêtes et campagnes. Soutenu par la vitalité des orchestres d’harmonie institutionnels, cet essor traverse le XXe siècle. Partout cette pratique nouvelle se donne pour priorité d’être collective et exigeante, conviviale et citoyenne. Sur le kiosque, la musique des salons rencontre celle des rues. Ainsi reconnaît-on l’empreinte populaire chère à Kurt Weill (on pourra penser à Street Scene) dans un geste que prolongera Nino Rota. Quelques miles plus loin, les orchestres d’harmonies européens sont fondus en un format que Broadway annonçait : le concert band, pour lequel Lavender élabore cette transcription des West Side Story Symphonic Dances. Il faut traverser encore un océan pour suivre l’essor irrésistible des orchestres d’harmonies, dont les brillants représentants japonais, incontestables références depuis la fin du siècle dernier, ont su motiver bien des vocations eux aussi. 
Autant de visages, souvent inattendus, d'une seule et même pratique.