Le département des métiers du son devient le département Musique Son Image
Mis à jour le 20 mars 2023
À la rentrée prochaine, la Formation supérieure aux métiers du son (FSMS) accueillera aux cotés de ses étudiant.es actuels, de nouveaux profils. Une nouvelle mention à son diplôme vient d’être créée, un parcours spécifique avec pour débouchés professionnels les métiers de la réalisation d’images pour les secteurs de la musique.
Denis Vautrin, chef du département Musique Son Image, revient sur l’ouverture de cette formation historique des métiers du son au monde de l’image.
De quel constat est née la transformation du cursus FSMS ?
Depuis 30 ans, le Conservatoire de Paris accompagne avec la Formation supérieure aux métiers du son (FSMS) des profils musicaux et scientifiques d’excellence.
La FSMS a formé plus de 300 professionnelˑles dans tous les secteurs : enregistrement, création musicale, captation audiovisuelle, musique de film et de jeu vidéo, spectacle vivant, et pour une large diversité d’esthétiques (musique classique, contemporaine, de film, jazz, pop, rock, électro…).
Ses diplôméˑes ont pu se professionnaliser autour d’une large diversité de métiers : direction artistique, mixage, prise de son, composition, arrangement, design sonore…
Aujourd’hui, la formation souhaite accompagner ses étudiantˑes dans de nouveaux secteurs qui intègrent et exploitent l’image, mais toujours dans l’univers musical. C’est pourquoi elle propose une nouvelle mention, un parcours « Image » à son cursus, avec pour débouchés professionnels les métiers de la réalisation (captation audiovisuelle, films musicaux, clip, EPK).
Quels profils de candidats ciblez-vous pour cette formation ?
Nous ciblons les mêmes profils de candidatˑes : de jeunes musiciens et musiciennes, au profil également scientifique. C’est une formation pluridisciplinaire, scientifique, musicale et technologique, avec un cursus avant tout artistique mais qui forme ses étudiantˑes aux outils scientifiques et technologiques des activités et des industries de la musique.
Ce double profil est au cœur de la formation depuis 30 ans et le restera. L’ouverture de cette nouvelle mention répond au besoin de former des professionnels de l’image, experts, tant sur le plan musical que scientifique et technologique pour les secteurs de la musique (audiovisuel, spectacle vivant, création)
Quel bagage spécifique cette « mise à jour » peut-elle apporter à ses futurˑes diplôméˑes ?
Le monde de la musique a besoin de ces nouveaux profils. La production de contenus, la construction des carrières d’artistes, la mise en relation des œuvres avec le public, leurs diffusions, passent par la création de contenus visuels.
Le public passe beaucoup de temps à rechercher, regarder, analyser ces médias, auxquels il accorde une place grandissante. Il faut donc aujourd’hui faire preuve de créativité et accompagner la future génération de professionnels pour participer à la construction de nouveaux formats, leur permettre d’identifier comment ils souhaitent raconter la musique à l’image, et être capable de produire et de partager des formes audiovisuelles avec impact dans le monde de la musique.
Le sujet restera quoi qu’il en soit toujours la musique : qu’elle soit classique, contemporaine, de film, jazz, pop, rock… Nous sommes au Conservatoire de Paris et nous travaillons avec la même exigence sur l’ensemble des sujets en lien avec la musique, quelle soit savante, traditionnelle, populaire….
Cette formation fait-elle face à un enjeu de féminisation ?
La FSMS a formé de nombreuses femmes, certes, en plus petit nombre que les hommes. Ces femmes travaillent et rayonnent à présent à des postes clés.
Nous avions perçu, il y a une quinzaine d’année, que le féminisation des métiers dans les secteurs du son et de l’image serait rapide. C’est bien le cas pour de nombreux secteurs même si le nombre de femme qui se présentent au concours d’entrée ne reflète pas assez cette dynamique : il y a une large diversité de profils de femmes issues de la formation du conservatoire et qui deviennent directrices artistiques, mixeuses, compositrices, arrangeuses, et qui sont les figures de référence de ce monde professionnel.
D’ailleurs, le taux de réussite et d’intégration professionnelle en sortie de cursus est excellent chez les femmes, notamment aujourd’hui sur des postes de direction de projets et des missions de création (radio, enregistrement, création pour le spectacle vivant, composition…)
Comment s’organise aujourd’hui le concours d’entrée et la Formation supérieure Musique Son Image ?
Le concours d’entrée est identique pour les deux mentions.
Tous les étudiantˑes de cette formation auront le même profil : le concours sonde le niveau musical et scientifique, mais aussi la motivation des candidatˑes pour intégrer un secteur professionnel en lien avec son choix de mention (Son ou Image).
La formation propose un cursus unique, avec un tronc commun et des enseignements spécifiques pour chaque mention, ainsi que des parcours spécifiques métiers pour apprendre à maitriser la prise de son d’un côté et la réalisation d’image de l’autre.
Le cursus est donc un triple cursus musical, scientifique et technologique et propose :
- Des enseignements théoriques de pointes en science, en musique et en technologie ;
- Des ateliers pratiques pour développer des compétences professionnelles ;
- Des ateliers de création.
Cette formation se déroule en 4 ans et correspond à un diplôme de 2ème cycle valant grade de Master. L’apprentissage se fait par des enseignements académiques mais aussi par pédagogie de projet et activités de recherche.
Nous avons un partenariat naissant avec Arte, extrêmement riche et important puisqu’il va nous permettre d’être accompagnés par un grand diffuseur public, créateur de contenus culturels depuis de nombreuses années. Les équipes d’Arte seront présentes pour nos étudiantant.es et les pousseront à réfléchir à la problématique éditoriale de fabrication des contenus « image ».
Le Conservatoire est un lieu unique et précieux, riche d’expériences et de rencontres musicales, sans équivalent pour filmer la musique et la danse et pour se former à ces métiers. Il constitue le lieu de formation idéal, notamment par sa vie musicale et chorégraphique intense dans tous les secteurs, son cadre unique dédié aux activités de ces secteurs, ses enseignantˑes, ou encore les ressources professionnelles et technologiques de son service audiovisuel, son parc instrumental exceptionnel, ses salles publiques dédiées à la musique, la danse, adaptées et équipées pour l’interdisciplinarité, sa riche saison de productions et de créations, son intégration au campus musical de la Villette…
Comment percevez-vous l’évolution du rapport son/image ces dernières années pour les secteurs de la création et du spectacle vivant ?
Le spectateur, qu’il soit au cinéma, au spectacle, ou dans une salle de concert, ne dissocie pas l’image du son. Pour lui c’est un tout, et lorsqu’il écoute et regarde un ou une artiste jouant un concerto de Beethoven, le spectateur fusionne sans aucun compromis le son et l’image, pour pouvoir vivre l’œuvre le plus pleinement possible.
Cependant, le processus de création, de production et de fabrication d’un film musical est assez sectorisé, avec d’un côté l’équipe son et d’un autre l’équipe image, que ce soit dans la musique et la danse filmées mais aussi au cinéma ou dans le cadre des activités liées au spectacle vivant.
Un travail de recherche a d’ailleurs été mené par une de nos étudiantes sur ce sujet : elle a relevé des collaborations complexes, parfois tendues, voir conflictuelles dans tous ces secteurs entre les équipes en charge de la fabrication du son et l’image, rendant ainsi cette fusion, point clé d’un projet de musique filmée souvent difficile à obtenir.
L’un des grands enjeux de cette formation est aussi de réunir des étudiantˑes au profil similaire, avec la même passion pour la musique, et d’apprendre à travailler, à collaborer, à créer ensemble. L’objectif est de constituer en un seul et même endroit une démarche unique qui consiste à filmer la musique, à accompagner les industries musicales avec des personnalités capables de travailler ensemble et de collaborer.
Le Conservatoire de Paris est actuellement porteur d’un projet de grande ampleur de « Conservatoire augmenté » : quels aspects de ce projet pourraient impliquer les étudiant·es du cursus FSMSI et que pourrait-il apporter à leur parcours ?
Selon moi, le projet de Conservatoire augmenté tend à questionner le rôle d’une grande école aujourd’hui dans l’ère du numérique, du contenu instantané en ligne et de la création de contenus image et son, en phase avec les attentes du public d’aujourd’hui et de demain. C’est donc un pôle d’innovation, à la fois en termes de diversification de pratiques d’enseignement, de pédagogie et de création et de fabrication de contenus, d’apprentissage par la recherche.
Partout dans le monde, nous voyons se déployer des mots-clés tels que « son spatial », « immersif », « image 3D », « réalité virtuelle »… Tous ces mécanismes s’inscrivent certes dans notre vie, mais nous les ressentons encore davantage comme des outils de demain.
Les établissements d’enseignement doivent intégrer ces questions pour l’avenir de la pratique et des activités musicales en lien avec ces évolutions. Le projet de Conservatoire augmenté vise donc à faire en sorte que les pratiques d’enseignement de l’école soient liées aux attentes, aux évolutions des industries du numérique et de l’apprentissage en pleine mutation.
L’objectif est de former des professionnels experts, agiles avec ces secteurs et ces attentes, ce qui nécessite de disposer d’un outil et d’un lieu pour réfléchir à ces aspects dans notre établissement. Un lieu qui accueillera nos étudiantˑes au sens large (musicienˑnes, instrumentistes, danseurˑses, preneurˑses de son, réalisateurˑices, chercheurˑses, compositeurˑices), pour mener des projets, pas nécessairement liés à la scène mais plutôt en lien avec les activités de studio, de création de fabrication de contenus audiovisuels. L’idée étant, par ailleurs, de former les étudiants aux outils que l’on préfigure aujourd’hui et de leur garantir une forte capacité d’adaptation pour prendre en main les outils de demain. Le projet « conservatoire augmenté » intègre la construction d’un « studio 3D » : Cette ressource sera le terrain d’apprentissage, organisé, équipé et structuré pour répondre à ces ambitions : un lieu de pédagogie, de création et un lieu de mise en réseau des savoirs et des savoirs faire avec les entreprises et les acteurs des industries musicales ciblées par nos étudiant.es.
L’outil sera, en effet, différent de ce qui existe aujourd’hui, avec des briques beaucoup plus technologiques liées à l’innovation ainsi qu’une capacité de mettre en réseau, en partenariat, le Conservatoire de Paris avec des établissements, centres et instituts extérieurs, des laboratoires de recherche, etc.
C’est un outil clé de la Formation supérieure musique, son, image de demain, des ressources comme le studio 3D compléteront à merveille les plateaux et les salles de cours dont nous disposons aujourd’hui.
Quel regard portez-vous sur cette formation aujourd’hui ?
J’ai la conviction que ce type de formation pluridisciplinaire dans le milieu artistique et scientifique est totalement en phase avec la dynamique d’avenir des industries et des activités de la musique et de la danse ; particulièrement en France ou l’exigence en matière de création et de diffusion a toujours été perçue dans le monde comme exceptionnelle.
Nous voyons se développer des intelligences artificielles qui parviennent à réaliser de nombreuses activités en son, en image, en création de contenus. Aujourd’hui, il nous appartient de former des profils d’excellence au regard critique, d’artiste et de scientifique, afin d’évaluer toutes ces technologies qui vont proliférer dans les années à venir. Des professionnels capables de dominer ces machines, d’en tirer un apport et de les exploiter dans une dynamique artistique, de création afin de ne pas de subir ces évolutions et regarder les machines travailler à leur place.
C’est vraiment l’inflexion du monde culturel et artistique : comment allons-nous absorber tous ces outils, qui sont tout de même là pour, à priori, se substituer à de nombreuses activités d’hommes et de femmes ? En prenant le lead et en continuant à créer, à jouer un rôle artistique fort dans la société.
Trouver des solutions permettant d’aboutir à des débouchés professionnels intéressants et novateurs, tout en étant parfaitement outillés : tel est le but de cette formation pluridisciplinaire proposée par le Conservatoire de Paris.
Au-delà, intégrer la FSMSI, c’est aussi, et surtout se créer un avenir prometteur, à tendance génial.
Photo © Justine Huet