Die Fledermaus – la célèbre opérette par Lucie Leguay et Nicola Raab
Mis à jour le 17 février 2022
Dans quelques semaines aura lieu l’une des plus importantes productions de l’année au Conservatoire de Paris, Die Fledermaus. Découvrez les coulisses de la célèbre opérette viennoise de Johann Strauss II comme vous ne l’avez jamais vue avec Lucie Leguay, cheffe d’orchestre, et Nicola Raab, metteuse en scène.
Pouvez-vous nous présenter brièvement ce projet ?
Lucie : Je suis ravie de travailler avec Nicola sur cet opéra, qui est un répertoire nouveau pour l’orchestre avec lequel je travaille en ce moment, mais aussi pour les chanteurs. C’est une production passionnante, tant par le sujet que par sa réalisation en collaboration avec Nicola. Il y a beaucoup d’humour mais aussi beaucoup de sous-entendus à travers chaque personnage que l’on découvre au fur et à mesure de cet opéra.
De plus, Nicola a décidé d’intégrer à ce projet des danseurs ainsi que de la musique électronique. Ainsi nous « dépoussiérons » un peu cet opéra chargé des grandes traditions qu’il y a autour de cette musique viennoise tout en y apportant des éléments contemporains, ce qui fait la particularité de cette production.
Nicola : La mise en scène d’une opérette ou d’un opéra-comique dans le répertoire français implique à la fois un travail de musique, de dialogue et de théâtre. Ce qui est particulièrement intéressant avec ce projet, c’est effectivement que nous travaillons avec diverses forces du Conservatoire : le service audiovisuel, les étudiants en formation aux métiers du son, mais aussi les danseurs du département des études chorégraphiques… Et c’est une grande richesse !
Percevez-vous des spécificités liées au travail de mise en scène et de direction avec ces artistes en devenir ?
Lucie : C’est un réel travail pédagogique, puisqu’il y a dans l’orchestre de très jeunes musiciens qui n’ont jamais joué d’opéra auparavant, et qui ne connaissent pas l’accompagnement. Pour eux c’est la découverte d’un tout nouveau répertoire ! Ils jouent beaucoup de symphonies, de concertos, mais dans le cadre ce projet - de musique de chambre car c’est un effectif réduit pour des raisons de contraintes sanitaires - ils apprennent une nouvelle facette de ce métier. Il y a tellement des choses à découvrir, tellement de réflexes à acquérir à travers cet opéra ! Ils sont volontaires mais n’ont pas toujours pleinement conscience du travail qu’un tel projet représente et des paramètres à prendre en compte (jouer dans la fosse et non sur scène, gérer la distance avec le chef d’orchestre, etc). L’opéra est un répertoire difficile pour les professionnels car il nécessite un accompagnement particulier, pas seulement vocal mais aussi de mise en scène, de théâtre, c’est extrêmement complet.
C’est également nouveau pour les chanteurs, avec lesquels nous travaillons depuis le mois de décembre. Certains ont déjà un pied dans le milieu professionnel mais pour d’autres, Die Fledermaus est leur premier opéra.
De manière générale il y a un bon esprit, une bonne équipe autour de ce projet, ce qui fait que nous parvenons à les soutenir et à dépasser un peu les limites qu’ils peuvent parfois se donner, tout en veillant aussi à respecter les limites de chacun. Puisque nous voulons les emmener loin mais toujours dans la mesure du possible, le but étant de les accompagner.
C’est dans ce cadre que la pédagogie est très importante, et nous sommes présentes pour accompagner tous ces corps de métiers qui sont en apprentissage mais aussi pour qu’ils se dépassent et qu’ils osent, notamment sur scène. C’est un travail que Nicola réalise extrêmement bien sur le théâtre, dont ils n’ont pas nécessairement de notions dans le cadre des enseignements traditionnels qu’ils suivent. C’est donc grâce à ce genre de projets et en travaillant avec un metteur en scène qu’ils acquièrent cette expérience.
Comment s’est déroulée votre collaboration ?
Lucie : Cela fait maintenant un an que nous réfléchissons ensemble à ce projet, pour lequel nous avons eu beaucoup d’échanges, mais le projet a particulièrement mûri pendant l’été.
Nicola : Il y a notamment eu un travail de réécriture, puisque j’ai écrit une réduction spécifiquement pour cette production. Ainsi, les parties chantées sont en allemand, puisqu’il s’agit d’un opéra allemand, mais les dialogues récités sont en français.
Lucie : Cette réduction des dialogues en français réalisée par Nicola évite au spectateur d’avoir à lire constamment les sous-titres. Cela donne du rythme à la production et permet d’être directement dans l’action, dans le jeu.
Depuis un an, nos échanges tournaient autour de ce que nous souhaitions faire : que représente pour nous Die Fledermaus ? Qu’a-t-on envie de créer ?
Et quelle est donc votre intention aujourd’hui ?
Nicola : Pour ces jeunes chanteurs c’est un projet extrêmement complet, qui comprend tous les métiers de la scène puisqu’ils doivent dire leur texte, jouer et chanter. C’est là notre objectif : créer un spectacle, dans tous ses aspects, en puisant dans la tradition du XIXe siècle mais en jouant aussi quelque peu avec les clichés, tout en développant un aspect contemporain très proche de l’existence de ces jeunes musiciens et artistes aujourd’hui.
Cette production se trouve donc entre ces deux temporalités, ce qui rejoint notre objectif de les plonger dans un intense jeu de rôle. Ils doivent ainsi s’adapter au fait d’être sur scène avec à la fois leur identité et celle du rôle qu’ils interprètent et trouver un équilibre entre les deux. Et cet opéra se prête particulièrement bien à cet exercice !
Quelle réaction souhaitez-vous susciter chez les spectateurs ?
Nicola : Un émerveillement de voir tous ces jeunes gens s’épanouir sur scène.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants du Conservatoire ?
Toutes les deux : Osez !