CD INITIALE - INL25 - 2024

 

Avec ce second album consacré à la musique de Robert Schumann, je souhaitais célébrer cette figure emblématique du XIXe siècle qui m’a accompagnée dans ma vie d’artiste depuis maintenant plus de vingt ans, de son Album pour la jeunesse jusqu’à son Concerto pour piano. Le Concerto était venu clôturer mes études à Athènes, et le Concert sans orchestre, ma scolarité au Conservatoire de Paris. Je rêvais depuis longtemps de réunir ces deux œuvres au sein d’un même disque. Le titre de l’album, Déconcertant, plus qu’un simple jeu de mots, exprime le caractère déroutant, à la fois de ces deux œuvres et de la trajectoire de leur compositeur. La tradition veut que les concertos pour piano et orchestre exigent du soliste un jeu particulièrement brillant, censé mettre en valeur les qualités du pianiste. Schumann avait cependant avoué lui-même que l’état de sa main droite ne lui permettait pas une telle écriture virtuose. Le Concert sans orchestre (sous-titre qui fut choisi par les éditeurs de Schumann) avait déjà proposé, presque dix ans auparavant, cette écriture éminemment virtuose, expression d’une jeunesse pleine de bravoure, débordant d’émotions. Le Concerto, à l’écriture chambriste, fait ainsi face à un Concert sans orchestre, cependant véritable concerto de soliste : d’un côté, le piano joue avec l’orchestre, en y cherchant sa place, tandis que de l’autre, il brille par sa virtuosité, sa force symphonique, sa folie même. Schumann nous prend donc ici à contre-pied : la première œuvre place le piano dans l’orchestre, la seconde, l’orchestre dans le piano. Dans cette opposition de styles bien distincts, on peut trouver la trace des alter-egos de Schumann :  Florestan et sa passion exaltée, Eusebius et son introspection. C’est bien cette dualité, qui irrigue toute l’œuvre de Schumann, qui m’apparaît véritablement « déconcertante ». Le compositeur se joue des codes établis, tout en nous livrant une musique tout à fait originale, du point de vue du langage comme de celui de la forme. Personnage passionnant, excentrique, extraordinaire, mais aussi profondément humain, que ce M. Schumann, « artiste maudit » par excellence.

Fiona Mato

Robert Schumann : Concerto pour piano op. 54
1. I. Allegro affettuoso – Animato – Andante espressivo – Allegro – Più animato – Tempo I – Animato – Cadenza – Un poco andante – Allegro molto – 15:08
2. II. Intermezzo : Andantino grazioso – 04:34
3. III. Allegro vivace – 11:46

Robert Schumann : Sonate n° 3 op. 14 (Concert sans orchestre)
4. I. Allegro brillante – Animato – 07:43
5. II. Quasi variazioni : Andantino de Clara Wieck – Var. I – Var. II : Moderato – Var. III : Passionato – Var. IV – 07:42
6. III. Prestissimo possibile – Vivacissimo – Più presto – Vivacissimo – Più presto – 07:17

Durée totale – 54:22

Fiona Mato – piano (1-6)
Orchestre des Lauréats du Conservatoire (1-3)
Jonathan Darlington – direction (1-3)