Concert associé à la thèse de Maroussia Gentet
-
- 06Dec2023
- Schedule 20h00
- Category Piano
- Address Conservatoire de Paris - Salle Nadia Boulanger
Ce programme autour des Préludes de Chopin entrelacés à des œuvres d’aujourd’hui prend racine dans le projet Chopin/Ramon Lazkano pour lequel celui-ci a écrit des Préludes pour l’Ensemble Cairn destinés à être entrelacés comme des « réflexions » sur les Préludes de Chopin, projet auquel je participe pour sa partie Chopin et qui sera prochainement enregistré.
La puissance poétique de cet entrelacement m’a inspiré un programme solo à travers lequel je tisse autour de ce que je ressens comme la trame dramatique des Préludes de Chopin. Les pièces choisies me sont particulièrement chères et ont fait l’objet d’un travail étroit avec les compositeurs/compositrices ; certaines me sont dédiées (Isaksson, Parra, Schoeller). Elles ont en commun la recherche de vocalité et de la longueur de son au piano et me semblent s’inspirer chacune à sa manière d’une écriture pianistique particulière à Chopin qui cherche à faire vivre la résonance de l’instrument. L’écriture en miroir de ce programme met en perspective le profond lyrisme, l’appui sur un fil narratif, l’écho introspectif, la virtuosité fulgurante, les intenses coups de projecteur sur une émotion forte qui se révèlent entre les pièces d’aujourd’hui et les Préludes de Chopin.
Le jeu avec la résonance et avec la pédale est central dans ce programme, prenant naissance dans le Premier Prélude de Chopin, traversant finement les reflux et flux de « l’eau du temps » de Madeleine Isaksson qui transforment les motifs mélodiques flottant et émergeant de cette masse aquatique (dans la 1ère pièce) sur laquelle les gouttes d’eau viendront échouer (dans la 2ème). Pédales écrites en fraction chez Stroppa et soutenant la narration du mythe de « l’Homme-oiseau » et de la métaphore du vol qui sous-tend Tangata Manu, entre le vol aventureux de l’oiseau et le vol sur l’écriture, elles sont finement dosées, absorbant les nuées harmoniques entre ciel et terre que la Nuit étoilée de Van Gogh inspire à Schoeller, quand sa quasi-absence participe à l’aspect âpre de Mouvement de l’âme. La liberté offerte par le travail de la résonance, dans l’instant, est associée au jeu avec le temps et la mémoire, commun à ces pièces qui filent le rubato chopinien et suggèrent l’épaisseur du temps par les réminiscences d’éléments à l’intérieur même de la pièce (Tangata Manu) ou par l’attente qui rythme les silences résonants du deuxième Ecrits sur l’eau ou de Pour la mort d’amour. Le Prélude « l’Exil » de Pierre Stordeur, seule pièce du programme explicitement inspirée du 15ème Prélude de Chopin, reprend en réminiscences plusieurs éléments du Prélude de Chopin : notes répétées dans l’aigu, notes effacées qui émergent de l’extrême grave du piano, et surtout le rubato de la formule ornementale qui termine les phrases du Prélude de Chopin. Le souvenir de la vocalité et de la polyphonie du Prélude de Chopin traverse l’épure de cette miniature qui s’appuie sur les silences pour rendre dense l’espace et qui, comme dans Siza d’Hèctor Parra, cherche à faire chanter les extrêmes aigus du piano.
PROGRAMME
CHOPIN Frédéric, Préludes op.28 1-2
ISAKSSON Madeleine, Écrits sur l'eau n°1 et 2
CHOPIN, Préludes op. 28 n°3-6
ISAKSSON Madeleine, Écrits sur l'eau n°4
CHOPIN, Préludes op.28 n°7-12
STROPPA Marco, Tangata Manu (extrait de Miniature Estrose)
CHOPIN, Préludes op.28 n°13-17
SCHOELLER Philippe, Prélude n°3 « Ritualis Vincent Van Gogh »
CHOPIN, Prélude op.28 n°18
STORDEUR Pierre, Prélude « l'Exil »
CHOPIN, Préludes op.28 n°19-20
MONNET Marc, En pièces : Pour la mort d'amour
CHOPIN, Préludes op.28 n°21-22
MONNET Marc, En pièces : Mouvement de l'âme
CHOPIN, Prélude op.28 n°24
PARRA Hèctor Siza, Deuxième étude d’architecture
Program
Entrée libre
Doctorat de Musique : Recherche et Pratique, en partenariat avec Sorbonne Université
Photo © Herve Sarrazin La Glissade